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CFCM, les musulmans de France peinent à s’organiser...

La mosquée de Paris et l’UOIF boycottent les élections de 2011.

mercredi 15 juin 2011, par Jaco

La bataille pour le contrôle du CFCM (Confédération Française du Culte Musulman) est à la fois idéologique et interethnique. La mosquée de Paris est plus liée à l’Algérie, la plus ancienne présence comme édifice et instance de regroupement des musulmans en hexagone. Elle rayonne davantage que le nouveau rouage, le CFCM, du fait du charisme sage de son recteur Dallil Boubekeur et de son passé marqué par sa protection de juifs pendant la seconde guerre.

La structure organique créée en 2002 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, suscite un nouveau débat de ce qui l’Islam de France. Le CFCM a été mis sur pieds, pour certains, afin de mieux contrôler les adeptes et la pratique dela seconde religion de France. Et pour d’autres, dans le but de parer à une désunion qui était, originellement, théologique. Mais il s’avère que c’est un clivage organisationnel dû à la jeunesse de l’existence de la structure qui constitue l’intermédiaire avec l’Etat laïc.

Le CFCM est reconnu pour diverses fonctions sociales, notamment les deux considérées importantes : le rapport avec l’administration et la formation des imams dans le contexte français. Ainsi que la négociation de carrés musulmans dans les cimetières, la question de la viande hallal qui est souvent problématique dans les cantines scolaires et l’intervention dans des situations controversées ou litigieuses en rapport avecl’Islam de France.

Le dernier processus électoral de 2011 est marqué par le boycott de la mosquée de Paris, d’obédience algérienne, et de l’UOIF, Union des Organisations Islamiques de France, qui se défend d’être proche des frères musulmans. Alors que son discours n’offre point la distinction claire et la distanciation mesurée de la ligne de la secte intégriste née en Egypte et proche d’un certain Tarik Ramadan.

Sur fond de lutte de domination entre les communautés ayant des origines diverses : algérienne, marocaine, tunisienne et turque, la fin de juin 2011 étant déterminante pour ancrer une représentativité dont les musulmans de France ont grandement besoin. Les élections en cours pour désigner les principaux délégués, régionaux et nationaux, ont déjà plébiscité les 41 élus régionaux le 5 du même mois.

Au départ 3700 membres des assemblées de mosquées ont été dégagés, selon un mode de vote qui cache bien sa subtilité. Car basé sur la surface du lieu de prière. Au fur et à mesure qu’elle s’étend, le nombre d’envoyés d’une mosquée augmente. Ce qui écarte la mosquée de Paris, pourtant c’est une institution très écoutée et prônant "l’Islam des Lumières". Celui reconnu et dit "l’Islam de France", ambitionne d’a impact au sein même du monde musulman, du fait de son aspiration à être moderne.

Et au final, aux 41 délégués régionaux déjà désignés s’ajouteront 17 autres membres, reconnus comme qualifiés, certainement désignés par le ministère. Ils rejoindront les premiers pour constituer l’assemblée générale. Cette dernière installera le bureau national du CFCM, qui est accrédité pour 3 années et joue principalement le rôle de représentation officielle du CFCM. Le parcours de ces dernières semaines n’a pas été sur du velours. Outre que c’était un mouvement agité, le boycott des deux structures marquantes dans l’espace public notamment des médias, a laissé une trace indélébile.

Mais cette absence très remarquée, del’UOIF et de la mosquée de Paris, n’a pas affecté le taux de participation des électeurs fréquentant habituellement toutes les mosquées et sur les listes desquelles ils sont inscrits. On attribuait à ces 2 boycotteurs des valeurs de pouvoir rassembler à eux deux, les 2/3 des musulmans selon un pronostic basé sur leur audience. Or les élections se sont déroulées assez normalement, puis que 75% des inscrits ont exprimé leurs choix lors du vote pour les 41 délégués.

Certains observateurs voient que la Mosquée de Paris et l’UOIF seront très présents parmi les 17 désignés qui se joindront aux 41 élus régionaux. Or elles persistent à croire que le processus étant biaisé, avec un fort retranchement derrière la tendance dite « marocaine ». En effet au regard des résultats, cette tendance a laissé apparaître que la communauté marocaine a accaparé le gros des 41 membres de l’assemblée générale, sorte de domination très visible ailleurs.

Et cela est souvent dit, à propos de la forte mobilisation des marocains pour asseoir leur prépondérance dans nombreuses associations, structures cultuelles, réseaux culturels et instances où les communautés issues principalement de l’immigration essaient de s’organiser.

Un militant associatif maghrébin a révélé que l’association « Chorba pour tous » dédiée à servir des repas, principalement pendant le mois du Ramadan, a été fondée par des algériens pour tous les musulmans. Afin de nourrir les démunis de menus alimentaires « hallal » pendant le mois de jeûne, et elle est passée sous le contrôle des marocains qui n’arrivent plus à maintenir, tel qu’ils le désirent, à longueur d’année cette distribution des repas. Et d’ailleurs pendant le Ramadan, la qualité des repas a carrément été perdue, par faute decette étroitesse communautaire.

C’est le cas aussi de nombreuses autres activités, comme les structures de soutiens aux sans-papiers. Ou bien de représentations de travailleurs résidents légaux. Quand il s’agit de rassembler tous les étrangers de France, les marocains se mobilisent pour diriger toutes les formes d’organisations…

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