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Les ornières qui paralysent le théàtre convaincant du public en Algérie.

Un festival censuré : la 3ème édition "Algérire" interdite par la bureaucratie

vendredi 6 mai 2016, par N.E. Tatem

« Il n’y a rien de plus puissant qu’une idée, dont le temps est venu. » (Victor Hugo) C’est avec cette maxime que le théàtre algérien tente, avec la volonté de rares meneurs du débat, de reprendre sa place, d’un art ayant perdu son quartier parmi les mÅ“urs de la cité, pour être passé d’une ambiance de l’esthétique engagé à celle de suites de lacunes déliquescentes. En 2016, c’est comme « l’après-pétrole » obligé, l’intransigeant discours part d’une question sans concession à ce qui se fait : pourquoi donc, il n’y a plus des auteurs, ayant les mains à la pàte et l’attachement du public, qui continuent l’expérience thématique de Kateb et Aloula ?

Dans ce poste, on traduit : Pourquoi les thé tres régionaux donnent leur première au TNA (Thé tre National Algérien) à Alger ? Et non à leur public des régions d’abord ? C’est parce que ces institutions n’ont aucun public et la qualité de leur travail est lamentable ! Mohamed Cherchal.

Le 4ème art puise dans la critique sa renaissance, ce qui est un héritage intemporel et expérimental de sa pratique. Par sa faculté d’intercepter les recettes qui l’améliorent, le thé tre est le forum du précis et de l’imaginaire collectif. Parce que sa théorie tient du lien réactif avec le public qui se prédispose, à l’instant même du spectacle, à réagir à la représentation et aussi de la juger. Aussi l’art scénique est séduit, jusqu’à l’addiction comme tous les arts, de l’étude qui marque ce qui est perfectible. Alors quelles sont les prééminences que l’actualité thé trale algérienne oblige à soulever ? Les faits sont là, en effet !

Pour des raisons indépendantes de la volonté des organisateurs du 3ème Festival « Algérire », ils ont annoncé, via facebook, l’annulation de leur festival 2016 qui devait se tenir du 11 au 14 mai 2016. Lancé il y a 3 ans, par un jeune entrepreneur en événementiel algérien, le brillantissime Tarek Ouhadj, cette manifestation a particularité d’assurer l’accueil de comédiens de l’étranger, dont leur majorité est de la communauté nationale en exil. Outre l’échange, une rare valorisation des planches algériennes, cette manifestation attirait de non-moindre artistes des stand-up qui se jouent en France.

Les deux précédentes éditions ont sérieusement concurrencé le festival du rire de Djamel Debouzze au Maroc, « le Marrakech du rire », où participent nombreux humoristes maghrébins et français. C’est cette choquante décision de la bureaucratie, que cet article sur le thé tre algérien apporte l’alerte sur la chasse aux sorcières. Elle a avancé depuis le démantèlement du mouvement des amateurs des années 70 et 80, ceux qui ne faisaient pas l’actuelle « surprise-partie » à travers des dizaines de festivals destructeurs de la relation au public.


 KATEB YACINE : UN ALGERIEN QUI ECRIVAIT LA REVOLUTION D’UNE MODERNITE EGALITAIRE.

Les Algériens sont friands de spectacles, gourmands de communion et avides de partager une culture rassembleuse, par sa langue, autour du projet national. Ils appréhendent les thèmes rebelles, que l’esthétique maintient debout et qui tente de marcher encore pour conquérir des spectateurs. Mais des blocages ne laissent pas, surtout pour le thé tre, les initiatives, déshéritées des moyens publics, d’exister.

Dès lors que l’expression poétique et plastique lui est permise, l’Histoire des arts l’a démontré dans ce pays, le thé tre algérien remontre des tréfonds. Les textes à substance introspective avec l’effort des auteurs maniant le verbe des polissons, regroupent encore ces publics qui ne pardonnent rien aux navets. Ce qui vient d’être banni à Alger, rappelle la fin des années du thé tre politique et engagé. Celui des exclus...

La marque artistique du thé tre ne s’arrête pas au microcosme des tribuns. Elle visite l’impressionnant monde millénaire de méditerranée, où se sont transférés les usages sociaux pour croiser les mes éduquées d’humanité. «  Algerire » est un festival passeur de migrants. Puisque le sujet est maintenant brûlant. Ce pont était tendu à la communauté algérienne vivant à l’étranger.


 Dieudonné à la dramaturgie jugée nauséabonde !

Pour la panne de la création thé trale algérienne, le mode comparatif devient une lumière. Par le passé, il y avait un auditoire, du moins important proportionnellement au nombre d’habitants des décennies d’indépendance. Le partage d’une comédie burlesque ou bien d’un drame philosophique, tous deux nourriciers de culture et de « sociabilité », existait.

Puis l’univoque est reparti à l’exclusion, il persiste avec l’évitement d’« Algérire » vidant une scène. Toute la situation du thé tre algérien est décrite, d’une manière pointilleuse par un penseur et relatée, telle une actualité quotidienne, par un autre metteur en scène qui galope sur les décisions et les pseudo-événements.

Dans les propos croisés de l’artiste Mohamed Charchal et du journaliste et universitaire Ahmed Cheniki, retrouvés sur Facebook eux aussi, il y a une double quête. Avec celle qui lessive les institutions sous la nervosité des rentes, il y a celle notifiant les mérites des expériences antérieures qui fédéraient une relation sociale de leur public.

L’auditoire maintenant livré aux profanes d’un milieu clos, faisant le face à face « festivalier » de troupes structurées, mais sans bilan ? Le premier suit les actions du ministère, ce qui signe une "curation" (recherche et notifications) de l’information par un dramaturge accompli. On lui doit « El-Haïcha » comme dernière pièce. Et le second, de doctes analyses du prestigieux répertoire, matière et école antécédentes pour interpeller sur la déroute actuelle.

Une production thé trale de piètre qualité existe, elle ne peut être niée. Et machinalement, elle est missionnée de fracturer un quelconque vide, chez la jeunesse jusqu’à là assouvie par l’apprentissage par cœur du Coran. Elle entretient un milieu basé sur des marchandages locaux avec les structures départementales de la culture. Ce qui n’autorise sûrement pas l’appétence au succès et à l’appréciation du public.

Le premier-venu prend part aux festivals des localités, ce qui sert à rencontrer quelques autres participants. Ces heures d’immédiateté et sans charge qualitative, célèbrent finalement la carence d’auditoires. Elles sont des retrouvailles du milieu inféodé aux décideurs qui puisent sur la dépense publique. Mais quand manque le récit, s’enferme l’acteur et divorce le public. Dans cette situation, le thé tre satisfait les bureaux que des spectateurs.

Les paroles détournées en Algérie paraphrasent une pensée de Jean Genet, quand son thé tre gênait. Jean Génet, enterré au Maroc comme l’islamologue Arkoun, a écrit la première pièce anticolonialiste sur l’Algérie, "Les paravents", disait : « Je ne connais rien du thé tre, mais je sais quel thé tre je veux. »

Voici l’une des interventions d’Ahmed Cheniki, dernière sur le thé tre algérien. Consulter ICI. Ce professeur et observateur depuis des décennies du thé tre algérien insiste :

Le thé tre est un moment, un lieu, une collectivité. Il est synonyme de fête, le figer en le célébrant une fois par an, c’est peut-être lui enlever cette sacralité qui lui apporte un surcroit de majesté et ne l’éloigne paradoxalement pas de la culture de l’ordinaire qui lui a permis, dès son apparition d’être le lieu privilégié de l’affirmation de la citoyenneté.

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