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Les oppositions tunisiennes sont toutes issues de la gauche, la base de toute idée révolutionnaire.

Ailleurs les valeurs universelles se conjuguent par le niveau de développement.

lundi 24 janvier 2011, par Gros Emile

La présence des partis de l’opposition politique tunisienne, dans la chute du régime du RCD de Ben Ali, a été d’un soutien stratégique infaillible au mouvement populaire que couvait la société. Aussi bien les organisations légales que celles clandestines (ou interdites) ont évité les gesticulations manipulatrices.

Au contraire elles exprimaient leur appui à l’action dont elles reconnaissaient largement son appartenance à tout le peuple, sans la distinction qu’un parti politique en soit le meneur. Aussi, cette opposition, ayant de vraies traditions de pratiques multipartistes, végétait dans une multitude de coalitions où la démocratie est d’un haut niveau. Ce qui a servi à unifier les discours, versant à créer l’alternance obligeant le RCD à plier bagages.

Arrosé, par la révolution des jasmins, le monde arabe connait, parmi ses populations, le recours mimétique à l’immolation comme acte de revendication de la citoyenneté. L’Afrique, de son côté et sur le même registre, observe attentivement la manière dont les despotes finissent quand la colère gronde. L’ensemble des dirigeants impopulaires et des Etats, de part le monde, qui ont des similitudes sociopolitiques avec la Tunisie, s’apeurent de la tournure qu’a eut lieu cette rupture révolutionnaire maghrébine.

Au loin et ailleurs, des pays comme la Chine reconnaissent désormais que des efforts doivent être faits pour interpréter dans leur communisme les valeurs universelles ancrées dans la citoyenneté : les droits de l’homme. C’est devant Barack Obama que le président de l’empire du milieu, lui rendant visite le 20 janvier alors que la Tunisie dispute sa transition et son alternance, l’avoue dans son discours. Des attentions doivent être tenues pour les libertés de croyance, d’expression et de pensée. Les chinois ont dépassé tous les complexes, sur le plan économique par exemple, c’est de leur diaspora et du PC, que cela agace, et non des investissements étrangers, qu’a jailli l’essor de développement.

C’est aussi en occident que les choses ont tardé, et même pris des tournures de connivences avec la dictature mafieuse de la caste Ben Ali. A ce jour encore, le ministre de la culture français, regrette le despote Ben Ali. Au niveau européen on est resté sceptique, le président déchu s’évertuait d’endiguer l’islamisme et sa barbarie terroriste. A l’encontre du peuple tunisien, aussi bien l’internationale socialiste que les droites occidentales ont souhaité la préservation du truand et du dictateur refugié désormais non-loin de la tombe du prophète musulman, embarrassant même les monarques saoudiens. L’exclusion du RCD tunisien de l’internationale socialiste est le retard le plus misérable des occidentaux, car ils ont pleinement la main sur ce qui est la 3ème internationale socialiste.

Par la suite à Sharm Echeikh, le ministre tunisien des affaires étrangères tunisiens, en étant même de l’ancien exécutif, a claqué la porte de la réunion des présidents arabes, soudainement et avant sa clôture. La case, d’aller devant les frères qui ont accueilli Ben Ali, méritait le déplacement en Egypte où on s’immole aussi, alors que des échéances électorales sont sur le point de remettre en cause le manque de démocratie. Après avoir exposé la situation de son pays, Kamel Morjane, n’a pas assisté au sommet économique auquel prenait part une dizaine de chefs d’Etats, dont Bouteflika le plus secoué par les émeutes et de plus en plus isolé dans le monde, ainsi que 22 premiers ministres de l’ensemble des pays membres.

Le débouchement harmonieux du soulèvement de la jeunesse tunisienne, a la caractéristique première d’être populaire. C’est-à-dire d’être une expression épousée comme cause nationale par le peuple. Il est utile de recadrer ce terme « populaire » dans sa trame sociale, et non dans son expression partisane, car trop galvaudé. La seconde caractéristique des émeutes tunisiennes qui ont commencé avec l’immolation d’un jeune, est d’avoir été politiquement soutenu par un large mouvement de gauche. Contrairement à l’absence totale de la droite sinon elle est représentée par le RCD de Ben Ali.

Ce qui n’a pas été souvent soulevé, c’est le rôle des gauches tunisiennes dans cette subversion. Elles ont observé de près le mouvement populaire. Ils l’ont rapproché sans caporaliser, les agitateurs de la rue, de la toile, des syndicats, des associations et plus largement les citoyens, dans leurs structures partisanes. Les formations politiques de gauche ont respecté la contestation et l’ont partagé avec la foule de contestataires, légitimant par le discours le passage à l’acte des manifestants.

Hizb Ettajdid qui avait des élus dans l’assemblée nationale n’a pas hésité d’adhérer au forcing de la rue pour chasser le pouvoir Ben Ali. Issu de l’historique PCT (Parti Communiste Tunisien) et légalisé au temps de Bourguiba qui les officiellement sollicité, cette organisation a abandonné le marxisme, devenant un parti réformiste. La Tunisie, pays des compromis, a réformé son communisme avant même l’initiative de la perestroïka soviétique.

Cela a poussé la tendance attachée au marxisme-léninisme de lancer le PCOT (Parti Communiste des Ouvriers Tunisiens). Et d’autres ont rejoint le PDP, marquant leur appartenance à la gauche. Seul la formation du médicin Mancef Marzouki, le CPR –Congrès pour la république- qui ne définit pas ouvertement son idéologie, sans nourrir une quelconque haine au socialisme. Même les islamistes d’Ennahdha, qui sont modérés mais présentés depuis toujours comme terroristes par le régime de Ben Ali, sont vissés à gauche et sont classés par les experts comme les équivalents des islamistes au pouvoir en Turquie.

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