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ALGERIE / PATRIMOINE FORESTIER

Un créneau d’investissement à reconsidérer

mercredi 10 mars 2010, par Lyazid Khaber

En ces temps de récession économique, et en dépit des assurances pour le moins infondées du gouvernement quant aux conséquences de la crise financières mondiale sur notre économie, n’est-il pas €“ peut-être €“ utile de penser à varier les ressources de notre pays, notamment par l’exploitation des différentes potentialités existantes ? La ressource forestière, jusque-là presque totalement ignorée, du moins de la part du large public Algérien et même des investisseurs nationaux, intéressés €“ Pour la majorité du moins €“ par le commerce des services et la transformation des produits semi-finis, souvent découlant d’une importation effrénée faisant le plein des caisses étrangères ; au moment où de la matière première €“ parfois simplement exploitable €“ attend toujours sa prise en compte.

En effet, si l’on se réfère à la production générée ces dernières années, et pour ne citer que l’exemple du liège, l’Algérie trône aux premières loges à l’échelle planétaire. Autrement dit, l’on dispose de plusieurs autres ressources directement extraites du tissu forestier dont dispose notre pays. Si l’on reste dans la filière du bois, il n’y a pas que la production du liège, dés lors que les différentes espèces d’arbres permettent une exploitation à des fins diverses ; à l’instar de la production du bois d’œuvre, le bois de chauffage et celui à usage de construction. Les statistiques établies en fin d’année 2008 par la DGF (direction générale des forêts) permettent bien une visibilité en ce qui concerne l’éventualité d’une exploitation plus adaptée de ces ressources. C’est ainsi que l’on compte à l’échelle nationale, pas moins 881 000 ha de Pin d’Alep, 230 000 ha de Chêne liège, 48 000 ha de Chêne zeen et Afares, 16 000 ha de Cèdre, 31 000 ha de Pin maritime, 43 000 ha d’Eucalyptus, 108 000 ha de Chêne vert, ajoutés aux reboisements de protection dont la superficie est estimée à 717 000ha et autres maquis et broussailles – les différentes espèces exploitables comprises, à l’instar du Thuya , Genévrier et Frêne….etc. – évalué à 1 786 000 ha. Cela sans compter l’exploitation de ces produits forestiers à d’autres fins autres que le bois, à l’image de l’extraction des aromes et des plantes médicinales.

Pour ce qui est de la production générée durant l’année écoulée – découlant principalement des coupes (accidentelles ou celles prévues par les plans de gestion) et des travaux sylvicoles – il a été mobilisé quelque 27 940 m3 de bois, toutes catégories confondues. Ce qui marque une régression par rapport à l’année 2007 où l’on n’a cueillis 154 471 m3 de bois, 82 973 Qx de liège et 1 073 tonnes d’Alfa. Pas loin qu’en 2004, l’Algérie était classée troisième producteur mondial de liège avec une moyenne de 7 % de la production planétaire, bien sur, loin du Portugal et de l’Espagne enregistrant, respectivement 57% et 23%. A l’époque déjà, une étude effectuée par un bureau d’études étranger sur les filières industrielles algériennes note qu’ « avec une meilleure gestion et une exploitation plus rationnelle des peuplements, la production nationale de liège peut connaître une sensible augmentation à court terme ».

FLECHISSEMENT DU NIVEAU DE PRODUCTION

Il est certes des initiatives prises notamment par la DGF, ayant mis en œuvre plusieurs programmes de reboisement, mais l’exploitation demeure toujours en deçà du niveau requis. Il est pour preuve la facture d’importation du bois qui ne cesse d’augmenter. Celle-ci atteignant les 300 millions de dollars /an, dés lors que la demande nationale en bois ne cesse de connaître des bonds significatifs engendrés par la consommation due – notamment pour le bois à usage de construction – aux différents projets lancés ces dernières années, dans le cadre des différents programmes structurels initiés par le gouvernement. Ainsi la demande nationale en la matière a atteint le seuil de 1,5 millions de m3 par an. Dans ce cas, faut-il relever que si les responsables du secteur défendent la thèse de l’insuffisance du potentiel forestier national, comparativement à la demande en la matière, ou encore le fait que nos forêts sont plutôt de nature protectrice dont le rôle premier est écologique ; la réhabilitation des seules superficies forestières dévastées par les feux de forêts et l’entretien des massifs déjà existants permet bien d’accroître le rendement. Autrement dit, les produits forestiers exploitables ne se limitent pas à la seule production du bois comme nous l’avons souligné en haut. Pourtant, selon même les prévisions de la DGF, la mise en pratique des mesures comprises dans le cadre du plan national de reboisement lancé en 1999, table sur une extension de la superficie forestière nationale à quelques 1 245 000 ha. Sur ce, l’achèvement des opérations d’inventaire national et la mise en œuvre des études d’aménagement de quelques 600 000 ha, permettront de hisser la production nationale en bois à une moyenne de 400 000 m3.

À l’heure actuelle, le patrimoine national forestier est estimé à quelques 7 millions d’hectares. Cependant, les menaces de dégradation de celui-ci sont courantes, dés lors que l’effort de la DGF et des autres structures étatiques associées quant à la réhabilitation et la préservation de ce dernier sont souvent contrariés. La forêt algérienne subit ainsi plusieurs aléas défavorables tant naturels (liés à la géographie et à la climatologie) qu’anthropiques découlant de l’activité humaine. Le climat, facteur essentiel conditionnant le milieu forestier, demeure l’un des paramètres essentiels à prendre au sérieux. Le choix des plantations doit donc être fait suivant l’adaptabilité au milieu naturel, afin d’assurer un rendement conséquent. D’autre part, si l’on enregistre, non sans regret, la perte annuelle de pans entiers de ce patrimoine pour cause d’incendies, il est vivement attendu – souhaitent le spécialistes en la matière – que les moyens de lutte soient, eux aussi, adaptés à la réalité du terrain dans notre pays. Car, loin d’accepter un tel phénomène par fatalité, nous perdons annuellement une moyenne de 25 000 ha de massifs boisés. Des chiffres qui donnent de la sueur quant on sait que la superficie détruite dépasse de loin celle réhabilitée.

UN POTENTIEL SOUS-EXPLOITE

Coté exploitation : exceptions faite aux espaces protégés, les forêts Algériennes regorgent de produits exploitables à divers usages. Hormis le cas des produits extraits des plantes et autres arbrisseaux, le liège – largement et facilement exploitable – constitue à lui seul un créneau à même de générer des dividendes énormes. L’économie nationale en a énormément besoin en ces temps où – à l’échelle mondiale – la tendance est à la recherche d’une alternative aux hydrocarbures. Pourtant, il est évident que le liège compte parmi les matières premières les plus stratégiques dont dispose notre pays.
C’est une culture fragile certes, de par le contexte écologique, social et économique prévalant, mais qui offre autant d’opportunités d’exploitation.

Sur ce, faut-il noter que la production algérienne du liège a évolué, depuis l’indépendance, suivant une courbe descendante. Ceci dit, l’exploitation effective est très loin d’entamer le patrimoine existant et exploité par le passé (durant l’ère coloniale). Les réserves actuelles sont ainsi estimées à 230 000 ha générant (pour le compte de l’année 2008) une production maximale de 82 973 qx. Pour l’année 2005, seulement 18 543 qx ont été récoltés et dont 2915 qx seulement ont été commercialisés. C’est là donc une régression de production qui dénote du manque d’intérêt accordé à la filière. Pour s’en convaincre, il suffit de remonter un peu dans le temps, où, en 1940 – à titre d’exemple – l’Algérie produisit 400 000 qx de liège. Ceci dit, la production nationale pouvait au moins satisfaire la demande nationale, notamment en ce qui concerne la production des matériaux d’isolation acoustique et thermique, de carrelage (revêtements muraux et décoratifs) et de pièces accessoires de certains dispositifs mécaniques. Pour l’exportation, des opportunités sont aussi offertes dés lors que la moyenne de production nationale éligible est de 50 %. Ce qui peut bien être hissé à des stades supérieurs avec notamment l’introduction des techniques modernes d’exploitation. C’est là donc autant de facteur qui dénote de la nécessité de reconsidérer le patrimoine forestier national, pour en faire une nouvelle ressource pour le développement des exportations hors hydrocarbures.

Lyazid Khaber

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