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Biyouna, la beurette happe son rêve !

Une icône sur la majestueuse rampe française de lancement pour l’universalité !

vendredi 10 février 2012, par N.E. Tatem

Depuis 2010 et la sortie du film "Il reste du jambon", Biyouna passe pour une nouvelle tête de beurette dans les cercles français, des arts et des médias. Bled-woman, elle est une découverte depuis déjà quelques années en France, son nouvel espace et un autre public. Elle mollît en Hexagone les écueils du ralentissement de sa carrière en Algérie, un délicieux plaisir quand c’est une victoire ! Biyouna, de son vrai nom Baya Bouzar, se taille un plus confortable divan dans l’incommodité des tabous qu’imposent les reculades mentales dans les arts algériens &#8364 !

Ce fut Nadir Moknèche qui lui a tendu la perche lors de l’année 2000, donnant à sa prestance la chance d’une évasion qui est devenue sa constante. Depuis l’actrice algérienne déploie ses meilleurs talents, sans nul doute peu exploités sinon écartés, comme nombreux brillants artistes et intellectuels, dans leur bercail. Réussir sous d’autres cieux est un rêve d’artiste qui happe l’action de créer pour des entourages inaccoutumés, quêtant une universalité de son œuvre.

L’attrait de cette dame, grandissant depuis quelques années déjà, puise de son parcours fourni de bien riches expériences. D’ailleurs elle a travaillé comme une folle pour se frayer une place. Et la-voilà avec une nouvelle escorte sympathique, qui se délecte de son talentueuse allégresse sur les plateaux et les scènes de France. Ce qui lui arroge, le plaisir rare à tout artiste : la conquête d’un nouvel auditoire. Et celui qui lui ouvre larges les bras, lui est si proche, si condisciple et si doux que l’inefficace martèlement statique où sont plongés les arts en Algérie.

En effet, Beyouna a été révélée à satiété au public français avec le film réalisé par Anne de Petrini, la compagne de Ramzy Bedia. Ce dernier ne cesse de tenter d’apporter à ses origines des coups d’œil aimants et dévoués. En vain, l’autisme algérien ne se fissure pas, pour les projets de Ramzy envers une Algérie respirant la panne. Biyouna, icône pour petit peuple que l’art égaie, a animé des mariages, au temps des léthargies et des vaches maigres qui présumaient la catastrophe culturelle actuelle en Algérie.

Cependant pour les algériens, ces pérégrinations des cadres et des artistes sont une marche forcée. Elle n’est pudiquement pas dite, même causée par le contexte sociologique fomenté par une gouvernance décadente. Le nouvel exil d’une catégorie d’Algériens, a débuté en 1980. Et c’est une autre histoire… Nombreux citoyens, voyant leurs espérances professionnelles fermées, quittèrent le pays et le Canada devint ainsi la seconde terre, après la France, d’émigrants algériens.

Beyouna se produit à foison et prend gout place dans la fabuleuse rampe de lancement française. Celle qui a propulsé la musique Raï avec Cheb Khaled dans le monde. C’est son immense pratique qui la fait réussir en France, concrétisant son rêve qu’elle ne cesse, à l’instar d’autres algériens, d’avouer l’envie. Réussir aussi aux USA, comme en France...

Quand elle a été aperçue, à sa prime jeunesse de frêle adolescente dans un téléfilm adapté du mythologique roman de Mohamed Dib « L’incendie », il y a de cela plus de quatre décennies, Beyouna a acquis ses galons. Elle produit depuis toujours une présence distinctive et reluisante sur le registre ardu du comique, par rapport à ceux avec qui elle partage scènes thé trales et plateaux de tournage. Aux personnages qu’elle interprète, elle donne une présence hilarante où le délire mignon règne. Et que seul l’artiste accompli a latitude de s’en emparer.

D’abord, « Le Harem de Mme Osmane » en 2000, était le film qui l’émancipa ! Sortant d’une d’Algérie de la difficulté. Elle s’est retrouvée avec Carmen Maura, dans ce film dramatique dont le thème est une philosophique réflexion sur la condition féminine en Algérie de la précarité. Dans Viva Laldjérie (2003) de Moknèche c’est aussi la beauté du texte algérien où la femme est héroïne face à tous les phobies et chagrins.

En France l’envol d’Icare, sur les planches du 4è art, est passé par « La Célestine » de Fernando Rojas. Un spectacle ancré dans la diversité des acteurs et du sujet. Puis « Opéra Casbah » (2003), de Jérôme Savary inspirée de l’Opéra de Quat’sous de Bertold Brecht, qu’elle partage avec Mohamed Fellag, un autre exilé algérien mordant et de la même trempe. Et encore dans « Electre » (2006) de Sophocle au Thé tre Nanterre lui permet de jauger le thé tre classique universel.

Bonne route, fascinante diva ! Et merci de bien avoir voulu combattre les ennuis de tes compatriotes !

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