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Tunisie. Bochra Belhadj Hmida : « pas de démocratie sans l’égalité totale entre les hommes et les femmes »

Mme Hmida a sauvé des dizaines de jeunes de la potence en 1984, lorsque elle a rencontré l’ancien Président Habib Bourguiba et son épouse Wassila et l’a convaincu d’accorder sa gràce aux condamnés.

mercredi 16 février 2011, par Hakim Arabdiou

Bochra Belhadj Hmida, figure de proue du féminisme en Tunisie, a accepté de répondre de Tunis à nos questions, afin de mieux faire connaître à nos lecteurs la lutte des femmes tunisiennes et les enjeux actuels quant à leurs droits.

Bochra Bel Haj Hmida est avocate, militante des droits des femmes et ancienne présidente de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates. Elle a été l’une des opposantes les plus acharnées à ce qu’elle considère comme une oppression des femmes en matière d’héritage.

Hakim Arabdiou : Pouvez-vous vous présenter, et présenter rapidement votre association à nos lecteurs ?

Bochra Belhadj Hmida : Je suis avocate, cofondatrice et ex-présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates. Notre association a été agréée en 1989 et qui milite pour l’égalité totale entre les femmes et les hommes. Elle considère, qu’il ne peut y avoir d’égalité totale entre les hommes et les femmes sans démocratie et qu’il ne peut y avoir de démocratie sans égalité totale entre les sexes.

H. A. : Pouvez-vous nous retracer brièvement la situation qui règne actuellement en Tunisie.

B.B.H. La situation actuelle en Tunisie est assez complexe. Le peuple tunisien est soulagé du départ de l’ex-président et de sa famille. Un air de liberté plane sur mon pays, de réels changements sont en train de s’établir dans la relation des citoyen(n)es avec les institutions. Mais la construction de la démocratie, d’un État de droit démarre difficilement pour plusieurs raisons.

D’abord, l’opposition est divisée sur la légitimité du gouvernement actuel, sur les étapes et les priorités. Elle est souvent plus dans la contestation que dans l’initiative, alors que le Rassemblement constitutionnel démocratique (le parti qui a été au pouvoir depuis 1956) est implanté partout et continue à régner, et surtout à empêcher le gouvernement provisoire d’engager la Tunisie dans la transition démocratique.

D’autre part, ceux et celles qui ont fait la révolution, à savoir les jeunes et les régions ont, et à raison, l’impression que leur révolution risque de leur être confisquée ; ce qui crée des tensions.
Le calme n’est pas complètement rétabli. Ce qui peut nuire aussi à la situation économique. Ceci risque de devenir préoccupant ; ce sont les plus défavorisés qui vont encore payer.

H.A. : Respublica s’est fait l’écho de votre manifestation du 29 janvier dernier à Tunis au cours de laquelle vous avez exprimé vos craintes quant à la remise en cause des droits des femmes. Pouvez-vous nous en dire plus ?

B.B.H. : Les mutations politiques et même les révolutions sont tentées de négliger les droits des femmes. Et c’est la position du gouvernement provisoire, dont le porte-parole a évoqué, mais en termes confus la levée des réserves du régime de Ben Ali envers la convention internationale pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes signée par la Tunisie.

Le plus important dans cette manifestation est que des femmes de différentes tendances se sont unies pour dire non à la régression des droits des femmes ! oui à l’égalité totale avec les hommes ! Maintenant, il faut que cet élan continue, élargit et renforce le mouvement féministe, en Tunisie.

H. A. : Les femmes et les démocrates arabes vous envient le Code du statut personnel, lequel reconnait de nombreux droits aux Tunisiennes. Pour autant, il est encore loin d’assurer l’égalité totale des droits entre les hommes et les femmes.

B. B. H. : Ce qui fait la spécificité du Code du statut personnel tunisien, est que depuis 1956, la femme est considérée comme un être disposant de lui-même, dès qu’elle atteint la majorité civile. De même qu’il interdit la polygamie et qu’il stipule l’égalité totale entre les femmes et les hommes en matière du divorce .Mais cela ne veut pas dire qu’il a mis fin à la discrimination envers les femmes. Cette discrimination persiste notamment en matière d’inégalité successorale, la tutelle paternelle.

H. A. : Quelles garanties réclamez-vous pour non seulement garantir vos acquis et gagner d’autres droits ?

B. B. H. : Tout d’abord que soit inscrit dans la Constitution le principe d’égalité entre les femmes et les hommes. Que soient levées les réserves émises sur la convention internationale pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes et la promulgation d’une loi-cadre sur les violences faites aux femmes.

Par Hakim Arabdiou

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