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ALGERIE / MARCHE DES MATERIAUX DE CONSTRUCTION

La problématique des fluctuations des prix

mercredi 10 mars 2010, par Lyazid Khaber

Le marché des matériaux de construction connaît présentement une vague incommensurable de fluctuations de prix, des pénuries, mais aussi des tensions, que seule la prédominance des circuits de l’informel semble bien justifier.

Si le rond à béton connaît un fléchissement conséquent du prix de vente, atteignant les 4500 Da/q ; ce qui engendre une demande excroissante sur ce matériau, les autres matériaux de base en connaissent davantage d’augmentation. Pour ce premier cas, celui du rond à béton, les professionnels en redoute une pénurie d’ici quelques temps, et par là une augmentation conséquente du prix de ce dernier. Selon nos interlocuteurs, la cause de cette éventuelle pénurie réside dans le fait que l’on constate déjà des signes avant-coureurs d’une telle donne. Les entrepreneurs dont les chantiers sont à l’arrêt pour cause de pénurie du ciment notamment, et/ou du fait d’autres raisons exogènes, à l’image des intempéries enregistrées récemment dans la région, ont tendance à profiter de cette baisse des prix du fer pour en stocker le maximum. Sur ce plan, on redoute d’ici quelques semaines une vraie tension sur ce matériau, dés lors que la saison estivale est souvent synonyme de reprise des grands chantiers de construction.

Pour ce qui est du ciment, un fléchissement des prix a été bien enregistré au cours de la semaine écoulée. Ainsi et loin de connaître une dégringolade, après qu’il ait atteint les 1200 DA/q, le ciment produit dans les différentes cimenteries du centre du pays, à l’image de celle de Meftah et de Sour El Ghozlane, descend à peine au dessous de la barre des 1000 DA, pour atteindre les 920 DA/q en fin de la semaine. La cause de cette ascension des prix a été attribuée dans un premier temps à la fermeture, quant bien même temporaire des deux cimenteries précitées, toutes deux filiales de l’ERCC. Ce qui de prime abord devait être solutionné par la reprise de la production. Ainsi et au moment où l’on s’attend le moins, la crise du ciment connaît de nouvelles donnes à même d’exacerber la tension sur ce matériau.

En effet, l’annonce par les autorités compétentes de l’engagement d’enquêtes à même de dévoiler ceux qui sont derrière le trafic du ciment, notamment au niveau de la wilaya de Bouira, n’a pas manqué d’accentuer la pénurie déjà ressentie à tous les niveaux. Selon les premiers éléments d’information que nous détenons, plusieurs promoteurs immobiliers ayant versé dans le commerce de revente du ciment seraient impliqués dans des manœuvres frauduleuses qui les mettent en cause. Certains d’entre ces derniers ont même été sanctionnés par les responsables de la cimenterie de Sour El Ghozlane ayant pris la mesure de cesser leur approvisionnement en ciment. D’autres, qui seraient pris la main dans le sac ont été, selon notre information, présentés devant la juridiction compétente. Une affaire qui, si elle revêt un caractère plutôt anodin, dés lors que des enquêtes et des opérations de contrôle sont systématiquement diligentées par les services de la concurrence et des prix des différentes wilayas, son impacte sur le marché du ciment n’en est pas pour autant à négliger. En témoigne la pression qui s’exerce actuellement sur ce matériau et qui ne manque pas d’annoncer une nouvelle vague d’augmentation des prix qui, cette fois-ci, ne pourra être justifiée que par la rareté sur le marché. La loi de l’offre et de la demande oblige…

Autant pour ce qui est du marché des granulats. Ce dernier qui semble bien évoluer loin des feux de la rampe, donne bien l’impression d’un créneau bien porteur pour ceux qui s’y investissent. En effet, les prix ne cessent de connaître des augmentations, notamment pour ce qui est des produits extraits dans les régions du sud du pays et qui arrivent dans les régions du nord après de longs périples. La fermeture de plusieurs sablières et autres carrières d’agrégats au niveau de la wilaya de Bouira, connues pour ses multiples gisements, en est l’une des raisons de cette situation. Là, on ne parle pas de crise proprement dite, comme c’est le cas du ciment, dés lors que le manque réside plutôt dans la qualité que dans la quantité. Les entrepreneurs locaux semblent bien s’accommoder avec les produits localement produits, et plus particulièrement ceux, bon marché, extraits de manière anarchique au niveau des différentes rivières de la région.

A ce stade, il n’y a que l’exigence de qualité qui pose problème, notamment avec les partenaires étrangers chargés de certains chantiers, notamment ceux des travaux publics. Sinon, l’on est tentés de conclure que le marché des granulats semble bien échapper à tout contrôle que seule l’exigence expresse de la qualité des matériaux peu intégrer dans le circuits des activités économiques. Une éventualité à ne pas écarter selon les spécialistes, et ce dés lors que les autorités de la wilaya de Bouira, qui disent traduire la volonté des hautes autorités du pays, insistent sur l’implication des services techniques pour s’assurer de l’usage de bons matériaux répondants aux normes techniques requise en matière de construction.

Le wali de Bouira, M. Bouguerra, qui assistait, le mercredi dernier, à la cérémonie de signature d’un protocole de partenariat entre la DFP et le groupe Algéro-Français Colpa (Lafarge – Cosider), annoncera que des mesures ont été prises pour exiger des promoteurs immobilier l’usage de matériaux répondant aux normes. Il dira entre autre que désormais « cette exigence sera même introduite dans les cahiers des charges » . Une annonce qui ne laissera pas indifférents certains promoteurs que nous avons interrogé à propos, eux qui disent ne pas comprendre l’objectif de cette mesure sauf que si l’état s’implique davantage dans la régulation du marché des matériaux de construction. Selon nos interlocuteurs, les prix actuellement applicable sont loin de satisfaire au besoin de qualité requis, notamment en matière de finitions. C’est dire enfin que beaucoup reste encore à faire dans ce domaine où l’état est encore une fois appelé à jouer son rôle de régulateur.

Lyazid Khaber

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