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Il y a 15 ans Nabila Djahnine était assassinée !

jeudi 18 février 2010, par Salhi Chawki

Présidente de l’association féminine Tighri Ntmettouth de Tizi ouzou,
Nabila Djahnine est assassinée dans la matinée du 15 février 1995. Elle
avait 29 ans.
Elle est issue d’une famille populaire de Bejaïa, qui lui a enseigné
l’ouverture d’esprit et l’a mise en contact avec le monde militant.
Elle se radicalise très vite quand la vague obscurantiste qui submerge
le pays menace d’emprisonner sa propre vie. Elle rejoint le PST vers la
fin des années 80.

Etudiante à Tizi ouzou, elle contribue à la fondation du Syndicat
national des étudiants algériens qui s’était constitué après la grande
grève générale de 87

Elle prend une part active au travail de construction du deuxième
séminaire du Mouvement Culturel Berbère, en 1989, qui fit émerger le
MCB comme acteur essentiel de l’ouverture politique.

Membre de la commission femmes de son parti, elle est parmi les membres fondatrices de l’AEF (association pour l’émancipation de la femme) et construit l’association de Tizi ouzou, Tighri ntmettouth (le cri de la femme) qui essayait de faire parvenir le message de l’émancipation
jusqu’aux villages les plus enclavés sans déserter les étudiantes de
Mdouha ou les travailleuses.

Membre de la direction de ville de Tizi ouzou, elle n’hésitait pas à faire face à une société particulièrement conservatrice.

Elue à la direction du PST en mai 1991, elle s’investit activement dans
les débats consécutifs à la victoire électorale du FIS et se retire de
son parti au courant de l’année 92 pour se consacrer à son activité
féministe locale et à son travail d’architecte.

Après le meurtre de la jeune Katia Bengana, lycéenne de Meftah, tuée le
28 octobre 1994 pour avoir refusé le diktat vestimentaire des
intégristes, le l che assassinat de Nabila a eu un impact considérable
parmi celles qui n’avaient pas déserté l’Algérie dangereuse des années
90,

Car elle était de celles qui ont continué à vivre, à circuler, à
travailler, à militer refusant d’abandonner les espaces que les femmes
avaient conquis dans une Algérie qui restait dominée par le
conservatisme patriarcal,

Elle était de celles qui avaient continué à rêver à haute voix d’un
avenir meilleur qui bannisse l’oppression des femmes mais qui abolisse
aussi l’exploitation sociale et l’oppression politique.

A Katia, à Nabila, à ses adorables parents tous deux morts de tristesse
quelques mois après leur fille, et à celles qui ont résisté et tenu à
leurs valeurs malgré la peur, nous disons merci pour la part de notre
liberté que vous avez préservée.
Nous leur devons aussi de continuer le combat contre l’oppression.

Nabila tighri inem naslat, ton cri nous l’avons entendu.

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