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Les exactions qui ciblent ceux qui rêvent...
samedi 10 novembre 2012, par
Pour imposer la prédation économique et la corruption, les coteries léguées par l’ancien et indémontable parti unique algérien, se livrent à des exactions contre certains citoyens choisis et ciblés pour les faire taire, les ruiner et les asservir. Sbires officiels, c’est-à-dire au pouvoir, et ceux disséminés parmi la population, mènent la vie dure aux intellectuels et démocrates, dans une impunité qui a à sa solde police et justice. Auxquelles adhèrent médias et opposition s’adonnant à la démagogie des plus réactionnaires €¦
De manière cynique, pour ne pas savoir qui en est l’auteur, des frappes de censure, de privation de travail, de blocage de promotion, de destruction de biens et toutes les formes d’exclusion imaginables sont subis par certains algériens… A l’origine de nombreux récents exils, ces harcèlements semblent aussi être même inventés aux yeux qui ne veulent pas croire. Et inefficaces, car ceux qui partent ailleurs s’en sortent douloureusement et rarement. Rester dans le pays, on s’expose à une agression incessante !
Dans les débats politiques que les innombrables partis sortent pendant les périodes électorales, aussi bien les brimades que les départs définitifs à l’étranger, sont mis en berne, voire complètement tus comme si les « Haragas » (clandestins quittant le pays) ne mourraient pas en mer. Une classe politique, d’ailleurs enclavée dans la figuration face à l’emprise héritée du Système « Messa dia-Mehri-Belkhadem-Bouteflika », se fait autiste envers ces exclusions. Dont les assauts qui rendent la vie difficile, à la limite du supportable, aux concitoyens indociles, s’exécutent les plans de conversion de « l’amour du pays » en nationalisme aujourd’hui à la mode : le religieux !
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Communiqué du collectif de solidarité avec Fateh Agrane, suite l’incendie de sa librairie.
Paradoxalement la solidarité y est effective, et sort de la démarche commune qui joue à perpétuer la doctrine régnant depuis un demi-siècle. Les légalistes, que sont les politicards épris de prendre le pouvoir d’une localité ou un siège à l’assemblée nationale, comme sont les cas de l’actuel vote pour les mairies et celui de mai dernier, nient les persécutions visibles et quasi quotidiennes. Alors que le vrai changement espéré depuis un quart de siècle, c’est-à-dire à l’orée du prélude du printemps arabe d’octobre 1988, reste à faire encore en 2012.
L’avocat stagiaire au Barreau de Sidi Bel Abbès, Youcef BENBRAHIM, licencié début novembre de son gagne-pain pour motif qu’il ne soit pas musulman, vient de se rajouter à l’incendie de la librairie de Fateh Agrane qui a eu lieu, quelques jours auparavant, dans la nuit qui précéda Laïd. Vice président d’Amnesty International en Algérie, le jeune membre du barreau dérange, il faut donc le priver de son boulot. Dans le système policier algérien, c’est le genre d’histoire à ne jamais être élucidées.
En voulant à l’avocat, en tuant le professeur Kerroumi à Oran en 2009, en traînant devant les tribunaux le syndicaliste Yacine Zaid, en emprisonnant le militant des droits de l’homme Abdelkader Kherba et en mettant le feu à une boutique de livres, le choix des suppliciés se fait au nom de la puissance publique, auquel s’associent les voyous idéologiques dévoyant l’islam.
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Des centaines de cas d’injustices mutilent l’évolution de la société, obstruent les voies de développement du pays et freinent les espérances de la jeunesse. Cette dernière se fait broyer, quand elle ne s’adonne pas à l’apologie de la coalition sacrée, regroupant les affairistes, les décideurs vissés contre toute alternance démocratique et les religieux usurpateurs de l’islam pour dévoyer l’identité algérienne.
Plus largement dans les villages et les patelins reculés du pays, aux paroles qui sortent des règles sont érigées moult entraves. Contre les catégories éclairées de la population tues, malmenées et évincées, une nébuleuse agit. Innombrables, les jeunes artistes marginalisés dans les petites villes par de fallacieuses accusations disant que leurs travaux et œuvres soient juifs, portant atteintes aux valeurs nationales et même à la solde d’une main étrangère.
Pourquoi brûle-t-on une librairie en Algérie ? Parce qu’on s’en prend, sans autre but, à son tenancier. Deux mois avant ce saccage, Fateh Agrane avait déposé une plainte similaire, pour vol et dégradation de biens dont il a été victime. Cette doléance de justiciable jamais n’a pas été traitée, son auteur étant le perclus du règne de la décadence. Allez savoir pourquoi, la justice et la police n’ont pas donné suite ? Si ce n’est pas une incitation à la récidive !
Fateh Agrane, Ex directeur de l’unité régionale ENIE (entreprise nationale des industries électroniques) de BLIDA (ouest d’Alger) de 1990 à 1997 a été abusivement licencié de son travail. Même en ayant eu gain de cause, dès l’année 2000, pour son congédiement arbitraire devant la justice, il n’a jamais été indemnisé ou rétabli dans ses droits. On s’en prend à son second modeste revenu, le mettant dans la détresse que subissent stoïquement et sans recours bien d’autres algériens…
Le comité de soutien à cet algérien ; frappé par la razzia où s’allient dictature et obscurantisme, s’est posé ces questions : Quel monstre est capable de tels agissements un jour de fête sacrée ? Quels mobiles se cachent derrière cela ? Est-ce une provocation ou une intimidation ? Est-ce un acte crapuleux ayant pour objectif le vol et la destruction ?
Cette répugnante pyromanie du jour de Laïd réincarne une mémoire où l’incendiaire s’est prise aux ouvrages…
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