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1ère déclaration diffusée sur POPULISCOOP. Par Bruno Guigue.

Ma faute ? Avoir heurté de plein fouet la doxa occidentale.

Bruno Guigne est le sous-préfet limogé en France, pour un soi-disant non-respect de l’obligation de réserve.

vendredi 2 mai 2008, par populiscoop

SOURCE : Cet article est paru sur le site Ouma.com, le 21 avril 2008. où vous pouvez consulter les articles de Mr. Bruno Guigne.

De POPULISCOOP - pour soutenir Bruno Guigne envoyez un message au ministère de l’intérieur, sa tutelle.

Ma faute ? Avoir heurté de plein fouet la doxa occidentale, par Bruno Guigue

Le livre de Mr. Bruno Guigne - Image hébergée par servimg.com Edition L’Harmattan  : ISBN : 2-7475-4250-5 • mars 2003 • 110 pages

Dans les jours qui ont suivi mon "limogeage", les éditorialistes Jean
Daniel, Bernard-Henri Lévy et quelques autres se sont empressés de me
prendre pour cible. Prenant courageusement le parti du pouvoir contre
un homme seul, ils ont caricaturé mes propos et stigmatisé ma personne.

Point commun de ces commentaires peu amènes ? Sous une avalanche de procès d’intention, un pesant silence à propos des faits que j’avais
mentionnés dans ma tribune. Sans toujours réitérer l’accusation
grotesque d’antisémitisme proférée par Luc Rosenzweig, ils insinuent
que je me serais condamné moi-même par l’outrance de mes propos.
Mais qu’en est-il, effectivement, des tirs de snipers israéliens sur les enfants et de la pratique de la torture dans les prisons ? Rien. Vrai ou faux ? À lire leur prose, nous n’en saurons pas plus. On préfère évoquer à mon encontre « les protocoles des sages de Sion », comme l’a fait Pierre Assouline.

À croire que la coalition de ceux qui ne veulent pas savoir et de ceux qui ne veulent pas que l’onsache est majoritaire. Et au lieu de réfuter mes affirmations demanière factuelle, mes détracteurs préfèrent ainsi jeter l’anathème. Mais, précisément, parlons plutôt des faits. Deux phrases inlassablement reprises en boucle, tirées de leur contexte, eneffet, ont alimenté mon lynchage médiatique. « L’Etat d’Israël est le seul où des snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles ». Cette affirmation visait à répliquer aux signataires d’une violentecharge contre l’Iran, pays où la peine de mort est cruellement appliquée. Une phrase choquante ? Sans nul doute. Mais les tirs de soldats israéliens contre des enfants, hélas, sont des faits avérés, évoqués par le quotidien israélien Haaretz depuis 2000. Des tirs délibérés, dont le journaliste britannique Chris MacGreal, pour l’hebdomadaire The Guardian, a notamment fait le récit détaillé dans un article paru le 29 juin 2005.

Une triste réalité dont Christophe Oberlin, professeur de chirurgie à l’hôpital Bichat, a lui aussi publiquement témoigné au terme de nombreuses missions médicales en Palestine. Il vientd’ailleurs d’écrire au gouvernement une lettre où il lui demande si,lui aussi, il sera limogé pour avoir confirmé mes dires. Livrée en p ture à l’opinion comme une énormité, la phrase que j’ai écrite avait quelque chose de monstrueux, en effet : elle était vraie. Et parce qu’elle disait la vérité, elle heurtait le formidable déni de réalité qui entoure, dans les médias dominants, la politique israélienne.

La deuxième phrase litigieuse est celle où j’évoque « les geôles israéliennes, où gr ce à la loi religieuse, on interrompt la torture durant le shabbat ». Choquant, là encore ? Le propos renvoyait à leur propre contradiction ces fervents partisans de l’État d’Israël qu’indigne, curieusement, l’inclination de certains pays à la défense de la religion. Mais le fait mentionné, lui, ne fait pas l’ombre d’un doute : il suffit de consulter le dossier établi par l’association israélienne de défense des droits de l’homme Bet’Selem.

Lorsque la Cour suprême israélienne tenta de limiter l’usage de la torture pratiquée sur les prisonniers palestiniens, en 1999, les services secrets ont argué de l’urgence pour la justifier. Les plaignants ont alors fait observer que du vendredi midi au samedi soir, cette pratique était interrompue, ce qui relativisait singulièrement l’argument de l’urgence. Cette affaire est parfaitement résumée par Sylvain Cypel, ex-rédacteur en chef du quotidien Le Monde, dans son livre « Les emmurés », paru aux éditions La Découverte en 2005, p. 94, note 17. Chacun peut s’y référer et vérifier la véracité de mes propos.

Reste un troisième grief, tout aussi paradoxal. Dans la tribune violemment antionusienne dont je faisais la critique, les signataires crurent bon de citer Goebbels, lequel invoquait face à la Société des Nations le fameux adage : « charbonnier est maître chez soi ». Cette citation visait la majorité des pays membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, dont le tort était d’avoir dénoncé la violation du droit international par Israël. Les pays musulmans se voyaient ainsi "nazifiés", purement et simplement, par les auteurs du pamphlet que je passais au crible. « Analogie pour analogie », ai-je fait observer, il y avait plutôt ressemblance entre le Reich qui s’asseyait sur la SDN et l’Etat d’Israël qui bafouait l’ONU.

Mea culpa : j’avais oublié que les comparaisons les plus désobligeantes, aux yeux de l’establishment hexagonal, sont interdites à propos d’Israël mais vivement recommandées à l’égard des pays du « Tiers Monde ». Mon principal tort, plus que d’avoir enfreint le devoir de réserve, n’est-il pas d’avoir heurté de plein fouet la doxa occidentale ? Après avoir mis en lumière le déni de réalité dont le discours dominant entoure les exactions israéliennes, il faut croire que c’en était trop. À mes dépens, j’ai fait la démonstration que la frontière entre ce qu’il est licite de dire et ce qui ne l’est pas, dans notre pays, n’a rien à voir avec le vrai et le faux.

Bruno Guigue Diplômé de l’Ecole normale supérieure et de l’ENA Auteur de "Proche-Orient : la guerre des mots", L’Harmattan, 2003

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Voir en ligne : Source de l’aricle : Ouma.com

     
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  • EuroPalestine Gironde, Génération Palestine, la LDH Talence, vous invitent à une conférence-débat animée par Bruno Guigue, auteur de “Aux origines du conflit israélo-arabe” et “Proche-Orient : la guerre des mots”, sur le thème “60 ans de Résistance Palestinienne : le mercredi 14 mai à partir de 19h30 à l’Athénée Municipal à Bordeaux
    Place Saint ChristolyTram : ligne A ou B arrêt : Hôtel de Ville.