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Bolt et Lemaitre passent à côté

mardi 30 août 2011, par Jèrôme COLLIN

On les attendait au tournant. Convaincants en série, Usain Bolt et Christophe Lemaitre avaient tous les arguments en leur possession pour atteindre leurs objectifs personnels, respectivement conserver le titre de champion du monde du 100 mètres, et accrocher une place sur le podium. Ni l’un ni l’autre n’ont réussi.

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Même conséquence. Mais causes différentes. La star incontestée du sprint mondial, Usain Bolt, et la valeur montante, Christophe Lemaitre, avaient tout pour réussir leur championnat du monde. Le premier avait comme objectif de conserver son titre de champion du monde, acquis à Berlin sur un temps hallucinant (9 secondes 58 !!). Le second voulait ardemment grimper sur un podium, pour ses seconds championnats du monde, mais les premiers en tant que vedette et ténor de l’athlétisme.

Bolt et Lemaitre avait tous les ingrédients réunis pour exaucer leurs voeux respectifs. Tout d’abord, la concurrence n’était pas vraiment au rendez-vous. Entre suspensions pour dopages et forfaits sur blessures, ce sont tour à tour Mullings, Rodger et Asafa Powell qui ont dû renoncer aux Mondiaux de Daegu en Corée du Sud. Ces trois là étaient de coriaces adversaires, qui auraient pu donner du fil à retordre même à Bolt. Il n’en fut rien donc puisque les Mondiaux ne furent pas possible pour ces trois coureurs là. Ensuite, Le Jamaïcain et le Français ont franchi les différentes séries sans aucun problème. Mieux encore, les deux athlètes ont pu mesurer leur niveau de performance. Ainsi, Usain Bolt coupait son effort à mi-course, tout en réalisant le meilleur temps des séries. Lemaitre fur certes moins facile, mais réalisa une sacrée performance en finissant deuxième de sa demi-finale, pourtant ô combien relevée. Enfin, ils n’eurent pas trop à se dépenser, en attestent leurs chronos en série puis dans le dernier carré.

Avant le départ de la finale du 100 mètres, à 13 heures 45 heure française, Bolt et Lemaitre ont adopté, comme à leur habitude, des comportements diamétralement opposés. Ainsi, le premier faisait le show, amusant le public, chambrant ses deux coéquipiers jamaïcains ; tandis que le natif d’Aix-les-Bains restait concentré sur son effort, sur sa course. Pas un regard pour la caméra, pas un sourire pour le public, Lemaitre sait à cet instant qu’il dispose d’une occasion inédite pour glaner une médaille. Il ne se doute pas à cet instant qu’un fait de course quelques secondes plus tard peut lui permettre d’envisager encore plus sérieusement un métal.

...mais même échec

Malgré son apparente décontraction, on a senti Bolt en quête de courage, de réconfort. Ses cris d’encouragement pour lui-même avant de se positionner dans les startings-blocks trahissent son manque de repère, sa tension avant de défendre son titre. Il est vrai que le solide gaillard qui atteint presque le double mètre n’est pas dans une année faste. Il est loin le temps de son record du monde à Berlin, et même s’il a impressionné et convaincu en série, la tension d’une finale, d’une course à enjeux ne l’a pas habité depuis deux ans. Une éternité pour un champion de sa catégorie, une absurdité même, tant l’athlétisme, comme tout sport de haut niveau, demande une régularité dans l’effort mais aussi dans la préparation. Depuis deux ans, Bolt s’était mis à l’écart des grands meetings. En 2011, seules trois courses ont été courus par la Foudre. Trop peu pour un athlète de sa trempe.

Bolt ne s’est même pas fait battre « à la régulière » pourrait-on dire par ses concurrents. Il leur a laissé la voie libre, un boulevard, en commettant un faux-départ digne d’un débutant. Tellement grotesque, tellement visible que Bolt a immédiatement su que ça en était fini pour ses rêves de titre. Le starter n’avait même pas retenti que Bolt était déjà hors de ses startings-blocks. Une erreur qui là aussi symbolise bien son manque de sérénité, sa friabilité qu’il avait tenté de cacher par ses blagues lors de la présentation des coureurs.

Lemaitre passait donc du rang « d’outsider pour un podium » à « quasi-favori ». Le chouchou du public français féru d’athlétisme avait donc une possibilité encore plus grande de frapper un grand coup. Son départ a été très moyen, encore une fois. Tant qu’il n’améliorera pas cet aspect de la course, Lemaitre ne pourra jamais prétendre à un titre mondial. Car, si sa pointe de vitesse et son finish sont le plus souvent bons, il est souvent trop tard, au niveau mondial, avec des pointures en face, pour rattraper le temps perdu. Pour Christophe, la question ne s’est même pas posée puisqu’il n’a pas pu accélérer comme il sait le faire en fin de course. La désillusion, la déception est d’autant plus grande qu’on constate que un seul coureur (Yoann Blake, le nouveau champion du monde du 100 mètres) a réussi à passer sous la barre des 10 secondes. Autrement dit, Lemaitre avait le potentiel, les capacités pour glaner au moins une médaille d’argent.

Bolt et Lemaitre n’en ont pas fini avec les Mondiaux de Daegu. Ils se retrouveront tous les deux sur les séries du 200 mètres, et si tout va bien en finale. L’occasion pour les deux de se relever, de faire oublier l’humiliation pour Bolt et la frustration pour Lemaitre. On est pressé de les revoir...à leur meilleur niveau.

Jérôme COLLIN

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