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Tennis : Djokovic en rajoute une couche

Plus concentré, le serbe s’impose.

dimanche 11 septembre 2011, par Jèrôme COLLIN

Comme l’an passé à la même époque, Roger Federer a laissé échapper une victoire qui lui semblait promise face à Novak Djokovic. Le nouveau numéro 1 mondial est passé tout près d’une nouvelle défaite contre le Suisse cette année, seul joueur à l’avoir battu à armes égales (Murray a bien battu Djokovic, mais ce dernier était blessé et a dû abandonner). Il pourra finalement tenter de remporter un dixième tournoi cette année, contre Rafael Nadal, demain en finale de l’US Open.

Année noire pour Roger Federer. 2011 est à marquer d’une pierre noire pour le Suisse, tant son bilan comptable aura été piètre pour un joueur de sa trempe. Pas un seul titre du Grand Chelem à se mettre sous la dent, une seule finale même dans ces tournois (à Roland-Garros), une élimination précoce dans son jardin de Wimbledon, cela faisait depuis 2002 que le Suisse n’avait pas remporté un seul titre du Grand Chelem dans une saison. Un trou noir maigrement compensé par sa géniale victoire face à Djokovic « l’Invincible » dans le dernier carré des Internationaux de Paris, et par son titre, le seul de son année, à Dubaï.

Pour Djokovic, la dynamique est inverse. Plutôt discret l’an passé, malgré une finale à l’US Open perdue face à Nadal, le Serbe est entré dans une autre dimension depuis précisément décembre 2010. Date à laquelle sa nation a remporté face à la France une bien belle victoire devant son public en Coupe Davis. Un succès significatif d’un déclic chez le Serbe, libéré d’un poids semble-t-il. Plus rien ne l’a arrêté, sauf donc Federer à Paris et Murray à Cincinnati. Le reste n’est que victoires, trophées à la pelle, accumulées de manière impressionnante. Rien ne lui résiste, et pas même l’ogre Nadal, humilié sur sa terre battue (même s’il sauve l’honneur en remportant Roland-Garros) par un Djokovic qui se sent pousser des ailes. Même scénario à Wimbledon, où le nouveau maître des lieux, Rafa Nadal, se fait une fois de plus battre en finale, et par la même, déloger de sa première place mondiale. Consécration pour le Serbe, qui ne rêvait que de ça depuis tout petit.

Progressivement, le Serbe a gravi les échelons. Ascension moins fulgurante que son compère Nadal, très jeune champion (vainqueur de son premier RG à 18 ans seulement). Mais il n’a pas à rougir de son parcours. Premier Grand Chelem en Australie, en 2008 face à Jo-Wilfried Tsonga. Il doit attendre trois ans pour de nouveau remporter un Grand Chelem, toujours à Melbourne en 2011. Début donc d’une année de titres, de gloire et de sacres aux quatre coins du globe. Melbourne, Doha, Indian Wells, Miami, Madrid, Rome, Belgrade, Wimbledon et Montréal sont à lui. Neuf titres dans une même saison, de quoi se rattraper de certaines désillusions. Le Serbe, connu pour ses facéties en tout genre, a changé. Non pas qu’il ait renoncé à son caractère joyeux et gai, mais il a évolué dans sa vision du tennis, dans son appréhension des évènements. Sérieux, appliqué, concentré, le Serbe peut dès lors faire des ravages et s’appuyer sur une arme que peu de tennismens peuvent se targuer de posséder dans leur panel de coups : le retour de service. Agressif dès le retour, le Serbe peut alors prendre l’échange sous sa coupe, dicter sa loi sur le court et imposer son rythme, ses coups à son adversaire. Doté d’un oeil très pointu, qui lui permet en une fraction de secondes d’analyser la trajectoire du service du jouer positionné de l’autre côté du filet, et d’une capacité de réaction phénoménale, Nole est rarement dépassé dès le début de l’échange.

Djokovic s’est donc assagi et concentré sur son jeu, sur ses qualités et faiblesses, pour faire en sorte de devenir le meilleur joueur au monde. Objectif atteint donc, au prix de beaucoup d’efforts et de sacrifices. Mieux que la place de « number one », Djoko s’est forgé un prestige, s’est immiscé dans l’histoire du tennis en remportant dans la même année les cinq tournois Masters 1000. Une performance qui est à rajouter de ses plus de 60 victoires cette saison, une barre symbolique remarquable. Djokovic peut se servir de ses succès pour également se b tir un moral d’acier. Intouchable ou presque, Djokovic se sent puissant, presque imbattable et rentre sur le court avec une longueur d’avance déjà sur son adversaire, en tant que nouvel homme fort du circuit mondial. Comme Federer il y a de cela quelques années, et Nadal sur terre battue jusqu’à cette saison, Novak Djokovic est craint par ses adversaires.

Hier soir, à Flushing Meadows, Djokovic a frôlé la correctionnelle. Mené deux sets à zéro, agacé et perturbé par les coups variés de Federer, le Serbe a failli déjoué, mais s’est ressaisi dans le troisième et quatrième set, profitant aussi des largesses de Federer, beaucoup moins frais et plus en difficulté dans ses déplacements. Avant de sombrer à nouveau dans le cinquième set, où le Suisse s’est procuré deux balles dematch et donc de qualification en finale. Peine perdue, le Serbe a serré le jeu, est revenu dans le match pour enchaîner quatre jeux consécutifs et empocher son billet pour la finale. Scénario quasi identique à celui de l’an dernier, à ceci près que Djokovic n’avait pas été mené deux sets à zéro. Le Suisse a laissé filer sa chance de revenir en finale sur le court Arthur Ashe, chose qu’il n’a pas faite depuis deux ans déjà. Surtout, l’US Open, un des tournois favoris de RF n’est plus tombé dans son escarcelle depuis trois ans déjà... Preuve du lent mais progressif déclin du Suisse. Djokovic va donc tenter de glaner son troisième tournoi du Grand Chelem cette année, seul Roland-Garros lui ayant échappé. Par cette place en finale, il assure au moins l’essentiel, c’est-à-dire arriver au même stade que l’an dernier et donc ne pas perdre de points au classement ATP. En finale, il retrouvera Rafael Nadal, qui s’est plutôt aisément débarrassé en quatre sets d’Andy Murray, toujours placé, jamais vainqueur.

Dernier Grand Chelem de la saison, l’US Open ne signifie pas pour autant la fin de la saison. Il reste encore certains tournois important, comme le Paris-Bercy, ou bien encore la Masters Cup, qui regroupe les huit meilleurs joueurs mondiaux de l’année. Une victoire à ce dernier, et Djokovic finirait en apothéose sa saison, prouvant ainsi sa supériorité à tous les autres.

Jérôme COLLIN

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