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La Coupe est pleine

vendredi 2 septembre 2011, par Jèrôme COLLIN

Hier soir, les Girondins de Bordeaux se sont fait sortir piteusement par l’AS Saint-Etienne en 16èmes de finale de la Coupe de la Ligue. Depuis plus d’un an et demi, Bordeaux essaie tant bien que mal de revenir au plus haut niveau qu’il avait côtoyé en 2009, année de leur dernier titre de champion de France. Une mission qui s’annonce délicate et longue. Décryptage d’un club en déliquescence.

Le Chaudron n’avait pas fait le plein hier soir. Mais il a pu se délecter de la prestation de ses protégés. Les Verts ont fait mordre la poussière les Bordelais pour la deuxième fois de la saison, après la première victoire (1-2) en championnat à Chaban-Delmas pour l’ouverture du championnat. Si le sentiment d’injustice et de frustration avait dominé la première rencontre dans les rangs aquitains, cette fois-ci, la déroute est totale. Dynamique inquiétante d’un club qui peine à retrouver le niveau qui faisait de Bordeaux le cador de la Ligue 1 il y a deux ans.

Hier soir, Francis Gilot avait pourtant aligné une équipe composée de nombreux titulaires habituels. Seul Carrasso manquait à l’appel dans les buts, remplacé par le jeune Kévin Olimpa, complètement débordé hier, et Jaroslav Plasil. Le match d’hier a rappelé une fois de plus que l’équipe-type girondine alignée par le nouvel entraîneur bordelais n’est pas au niveau du haut de tableau de la Ligue 1.

Derrière, Michaël Ciani est en perdition depuis un an et demi, à l’image de son club. Sa convocation et sa première titularisation en équipe de France de mars 2010 face à l’Espagne est très loin. Depuis, l’international français coince, et n’est plus que l’ombre de lui-même. Même constat pour Mathieu Chalmé sur le côté droit. Seul Benoît Trémoulinas, qui était plus avancé que d’ordinaire sur le terrain hier soir, sauve les meubles dans cette défense girondine. Au milieu de terrain, Yoann Gourcuff n’a pas été remplacé, et dès lors que Plasil n’est pas sur le terrain, plus aucun créativité n’est à signaler.

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Si Bordeaux est dans une telle situation, c’est aussi parce que la politique du club est incompréhensible depuis plusieurs mois. Nicolas de Tavernost, l’actionnaire principal, et Jean-Louis Triaud, le président des Girondins de Bordeaux, pratiquent tous deux une stratégie qui ne peut être conforme avec les ambitions d’un club emblématique comme Bordeaux. Ou bien, les dirigeants aquitains se résignent à rentrer dans le rang et à pratiquer un recrutement qui va dans cette optique, ou bien au contraire, ils se donnent les moyens de leurs ambitions. Lorsque Nicolas de Tavernost déclarait vouloir disputer la Ligue des Champions dès cette saison, donc terminer sur le podium la saison dernière, ce souhait était irréalisable au vu des départs enregistrés. Ainsi, Marouane Chamack, meilleur buteur du club, s’en alla à Arsenal gratuitement, car libre de tout contrat. Yoann Gourcuff, maître à jouer des Bordelais lors de la saison aboutissant au titre de champion de France, rejoignit l’Olympique Lyonnais pour 22 millions d’euros. Belle opération financière, mais effectuée trop tardivement, car en toute fin de mercato. À côté de ces pertes, les venues furent anecdotiques. Ben Khalfallah vint renforcer le milieu de terrain bordelais, mais ne confirma jamais les nombreuses promesses entrevues à Valenciennes. Pour remplacer Chamack, les Bordelais jetèrent leur dévolu sur Anthony Modeste, auteur de 20 buts en Ligue 2. Un choix qui s’est avéré globalement être un échec. Pour sa décharge, Modeste est jeune. Mais son intégration en Ligue 1 a été laborieuse, et il n’inscrivit que 10 buts l’an passé, dont 4 sur penalty.

Tout cela s’est révélé criant hier. Manque d’efficacité, panne d’inspiration dans la construction. Seule l’action qui a amené le but de Trémoulinas a de quoi réjouir Francis Gilot. Le reste est insipide, lent et sans recherche. La plupart des offensives partent de derrière, avec de longs ballons balancés trop vite et trop peu précisément par la défense bordelaise. Conséquence directe, les Bordelais ne pèsent pas sur les buts adverses, et perdent le ballon aussi rapidement qu’ils l’ont récupéré.

Difficulté défensive enfin. Malheureux sur ses interventions, Kévin Olimpa est encore trop tendre pour la Ligue 1. Sur le premier but, il dévie de la main un dégagement de Trémoulinas, après un cafouillage dans la surface de réparation. Pour n’avoir pas su s’imposer, il encaisse un but évitable. Sur le second but, il ne peut rien. Auteur d’une première parade exceptionnelle, il n’est pas appuyée par sa défense et concède un but de Bakary Sako. Enfin, le troisième but est un face-à-face avec Aubameyang, qu’il perd et où il est de nouveau abandonné par sa défense. Toutefois, ses prises de balles délicates n’ont pas incité à rassurer sa charnière centrale notamment, qui s’est retrouvé dépassé plusieurs fois, notamment sur le troisième but.

Francis Gilot a de quoi s’inquiéter. Son équipe n’a connu qu’une victoire depuis le début de la saison, très étriquée qui plus est, et face à une équipe de Valenciennes en convalescence. Le recrutement n’a pas vraiment apporté ses fruits, même si Landry N’Guémo n’est pas à blamer au poste de milieu défensif. Nicolas Maurice-Belay sort d’une belle saison avec Sochaux, mais ses statistiques n’incitent pas non plus à l’optimisme (trois buts seulement l’an dernier). Gilot n’est pas du genre à m cher ses mots et à pratiquer la langue de bois. Ce matin, son discours est clair, il faut « changer les états d’esprit » et dénonce le manque « d’agressivité » de ses joueurs, qualifiant cela de « d’inadmissible ». Cette modification serait la bienvenue la plus vite possible à Bordeaux.

La prochaine réception du promu Evian-Thonon-Gaillard s’apparente déjà comme une rencontre capitale et décisive. Une défaite entamerait encore plus le moral des troupes girondines, et nul doute que le public s’impatienterait et gronderait sa colère. Pas le droit à l’erreur donc pour les Bordelais.

Jérôme COLLIN

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