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Algérie : Les débats d’El-Watan cyniquement censurés

La paille dans le ventre, Alger a peur des lumières

vendredi 8 novembre 2013, par N.E. Tatem

Fondé principalement par un groupe de journalistes issus d’El-Moudjahid, le quotidien algérien d’informations El-Watan vient de vivre, à son insu, sa première interdiction depuis sa création en 1999. Il ne s’agit pas d’une suspension de publication du journal, ce qu’il a rarement essuyé déjà par le passé. Mais d’une censure de l’édition 2013 de son activité « les débats d’El-Watan ».

Cette pratique de piéger à la dernière minute les activités culturelles qui se tiennent en Algérie, est très fréquente. Elle date de l’époque du parti unique et est largement usitée contre les artistes. Particulièrement musiciens ou acteurs de thé tre, même quand leurs troupes sont structurées dans le cadre de la réglementation associative, et voulant s’exprimer, ils se trouvent bloqués. A qui les salles exigent l’accord des autorités.

D’ailleurs même si elles avaient une valeur socioculturelle, les conférences de ce forum à quelques exceptions près et lors de quelques unes des assises antérieures, n’intéressaient guère les supports officiels et publics. Notamment les médias lourds dont l’indigence de matière du genre est criarde.

A la grande surprise de la direction de ce journal, de ses rédacteurs et de ses lecteurs, ces tribunes annuelles organisées depuis 8 ans, ont été cyniquement interdites. El-Watan est considéré influent parmi la presse écrite.

On lui reconnait la publication d’articles dits « de fond » jugés souvent de qualité incontestable auprès de son lectorat francophone. Il est aussi très ouvert à la diversité des opinions algériennes et attaché aux sujets d’actualité, voilà qu’il ne pourra donc tenir l’une de ses meilleures activités.

L’impudente interdiction est tombée la veille de ces assises, comme un insurmontable obstacle que seule la bureaucratie algérienne est capable d’en faire usage. Prévus samedi 09 novembre 2013, à la salle Cosmos de Riadh El-Feth, les débats de ce novembre 2013 avaient pour intitulé « Statu quo autoritaire - Quel coût pour l’Algérie ».

Un thème qui chatouille le règne à Alger, donc la limitation de la liberté d’expression n’épargne pas, aveuglement, ce qui est sensible et sujet à idées de controverse. L’Algérie, à l’instar d’autres pays, vit une conjoncture de glaciation, redoutant les contestations, et préfère éviter de libérer les expressions. C’est la première fois en huit années d’existence de cette activité, que les autorités exigent une autorisation (préfectorale) de la Wilaya pour l’organisation de la rencontre.

[El Watan] a reçu mercredi, 6 novembre, en fin de journée un courrier émanant de l’office Riadh El Feth, lui demandant d’obtenir l’aval de l’institution concernée. Le Week-End, de 2 jours, en Algérie commence le jeudi. Donc il est carrément impossible d’obtenir la permission en question, alors que les débats sont programmés pour dimanche 9 novembre.

Comme atteinte à la liberté d’expression, ce n’est pas une nouveauté dans un pays livré à l’autoritarisme depuis son indépendance. Mais c’est trop sévère et malséant pour la ligne éditoriale de ce grand quotidien qui s’inscrit dans un patriotisme plus altruiste que subversif.

<doc1177|right> Les débats devaient être animés cette année, par le juriste Mouloud Boumghar, l’économiste Smail Goumeziane, le politologue Mohammed Hachmaoui et le sociologue Abdelkader Lekjaa. Désintéressé, les conférences s’inscrivent habituellement dans un travail théorique et de réflexion.

Le quotidien précise dans un communiqué dont nous vous livrons une copie. Parlant de l’espace Cosmos à Riadh El-Feth, la déclaration du journal comporte ceci « …lieu de débat fécond, pacifique et démocratique est un [espace] autonome, indépendant et libre", totalement financé par le journal et exclusivement réservé à la société civile… »

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