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Algérie : naufrage du SILA 2023, sans de bons essais et d’un Nobel.

La censure frappe la manifestation qui pouvait reluire l’image du pays.

vendredi 27 octobre 2023, par Djamel Damien Boucheref

L’Algérie refuse le visa d’accès au territoire nation pour Annie Ernaux, prix Nobel de littérature. Puis, on se rétracte, sans savoir que faire. Les inexplicables bourdes et outrances des décideurs d’Alger deviennent la risée des chancelleries et des médias du Monde. Ils s’évertuent, sans relâche, d’inculquer aux citoyens que la langue française n’est pas scientifique. Pour imposer une réalité ruineuse, de réduire au silence les voix éclairées en mesure de désigner les vices.

Évincer les éditions Koukou, de la participation au SILA de 2023, choque les milieux artistiques et intellectuels. Les raisons invoquées sont d’une ahurissante crédulité servie aux citoyens désarmés et sans canaux, à part les réseaux sociaux du web, de manifester leur désarroi. Ces faits en lien avec le "salon du livre" se rajoutent à une profusion d’échecs diplomatiques, donnant une sensation de plongée rétrograde aux gouffres de l’ignorance.

Notre dernier article sur l’Algérie. L’avancée du Sahara en Algérie dément les bluffs du barrage vert.

Le salon international du livre d’Alger SILA est parmi les manifestations culturelles qui incarnent les ferments idéologiques des dirigeants de l’heure. Pour le plus vaste pays d’Afrique, c’est l’expression de la doxa qui campe, sans partage de sa prédation, la rente énergétique surtout. L’édition de 2023 reflète les méandres et agencements qu’un slogan, de la « nouvelle Algérie » qui renvoie, un acte écorné, aux percepteurs des opinions locales et au-delà des confins de la nation…

Avec la censure injustifiée envers même des plus brillants, comme cette maison d’édition du nom d’un éphémère roi berbère « Koukou », l’obscurantisme interdit les lumières. Cet éditeur est considéré celui qui publie l’essai politique, le document historique et d’actualité, ses livres pèsent sur l’opinion. Et Annie Ernaux, titulaire du prix Nobel littéraire 2022, c’est une autre décrépitude de l’orientation politique qui ne peut décroitre encore plus bas !

La mise à mort des qualités humanistes, d’hospitalité et de tolérance dont jouissait l’Algérie pendant les années 1960 et 70, comme héritage acquis de sa mémoire libératrice, qui lui a été utile après son indépendance, a été détournée par le parti unique qui usurpa le sigle « FLN ». La corruption, l’incompétence, le régionalisme et l’exclusion ont été les moteurs du nationalisme pour lui faire emprunter une fatale et indécrottable décadence.

Justement, tous les despotes qui se succédèrent à la tête de l’État depuis que le pays a recouvert sa souveraineté, ont la mémoire commune comme argument pour asseoir davantage un mode personnel de diriger les affaires de la nation. Tout en renforçant sa propre illégitimité que l’armée occasionne et cautionne, le chef d’État actuel procède avec un cabinet remanié pour limiter les libertés.

KATEB YACINE : UN ALGERIEN QUI ECRIVAIT LA REVOLUTION D’UNE MODERNITE EGALITAIRE.

Le SILA 2023 est à l’image des actions paradoxales du pouvoir actuel qui multiplie les contradictoires nuisances. L’image actuelle du pays à sa renommée flétrie, les bureaucrates agissent avec les répugnances fortement clonées sur d’anciennes pratiques de dictature. Cette exposition, prévue du 25 octobre au 4 novembre, accueille cette année quelques 1200 exposants, venant d’une soixantaine de pays, tous intrigués de ces bassesses de censure

Les décisions ont été notifiées par e-mail, car ces résiliations, par courrier électronique, véhiculent le mutisme hypocrite et désarmé de justificatifs. Cette pratique de faire disparaitre le moindre interlocuteur, pour des cas et sujets en mesure de se réhabiliter, tant pour les griefs qui leurs sont reprochés que pour leurs droits, est héritée du passé. Les basiques gestes d’aimer un pays, ses arts, ses savoirs et ses expositions sont bafoués…

Au motif de « non-conformité de ses ouvrages au règlement intérieur », pour l’éditeur, sans lui préciser aussi quelles sont ses violations des règles, ni lui indiquer les titres des ouvrages incriminés, relèvent de la vieille recette d’écarter ceux qui dépassent la médiocrité régnante, ceux mettent de l’ombre avec leur intelligence. Et pour l’autrice française, il s’agit d’une animosité indécente et une démonstration de félonie propres aux nervis non rassasiés de haine.

Cette maison d’édition est dirigée par une personnalité du monde de la presse et issu du mouvement berbériste s’apparente à un acte de la vieille oligarchie. Donc l’écartement vise un militant qui concentre les idées de démocratie plus que les "Khabirs" (pseudos experts) du sérail. Ces directives alimentent les tendances les plus réactionnaires optant pour scléroser l’éveil culturel et l’émergence économique auxquels aspire la société algérienne.

Un livre ayant appartenu à l’Emir Abdelkader restitué à l’Algérie.

La manifestation d’Alger consacrée aux livres honore, en 2023, officiellement l’africanité et ses engagements. Alors que le catalogue de "Koukou édition", spécialisé dans la production d’ouvrages thématiques, dont raffole le public. Des essais à la pertinence en rapport avec le discours du bannissement de la critique et le blocage de l’intellect. La nation s’y trouve ici dépassée par les bureaucrates.

Ces deux actes, de censure flagrante, sont l’expression flagrante des moult sabotages. La création du pays est violée, car il s’agit de littérature. L’élite intellectuelle devance, de plusieurs distances et époques, les bureaucrates qui multiplient les déconfitures de leur gouvernance aveuglée par la rente, répressive contre les libres opinions et sans repères pour une jeunesse connectée au Web !

Les visiteurs du SILA de 2023 à Alger, sont donc privés de rencontrer l’éditeur qui a publié de la femme imam, l’algérienne Kahina Bahloul, dont l’ouvrage a pour titre "Mon islam, ma liberté". Et d’autres non moindres, perles des parutions littéraires locales qui dégagent toutes des couleurs d’émancipation humaine et mémorielle.

Les citoyens, étudiants, férus de littératures et lecteurs sont privés par ignominie de rencontrer Annie Ermaux, la française consacrée en 2022 du prestigieux Nobel. C’est le pays où un ministre de l’Enseignement supérieur avait dit : ... nous n’avons pas besoin d’un prix Nobel ! C’est une autre histoire de l’ignorance qui se dit que la langue française n’est pas utile pour les sciences ! C’est le crime parfait de charlatans !

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Vous pouvez répondre, au court sondage, en langue arabe.-

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