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Un mouvement social en rupture avec la tradition de la facilité
mercredi 15 octobre 2014, par
La manifestation des policiers en Algérie n’a pas fait l’objet d’analyses politico-sociales, puisque avec cette actualité l’insolite est au devant. Or c’est aussi et surtout un acte politique significatif. Au second jour, un sit-in devant la présidence, exigeant de meilleures conditions de travail, pour une corporation exposée à moult critiques et pourtant la plus avancée dans la préservation de l’ordre. La surprise vaut son pesant d’or, dans un climat où sont trahis les défenseurs de l’Etat et de sa pérennité.
C’est aussi des salariés mécontents qui bravent l’interdit et la discipline d’une institution républicaine, afin de secouer la maison algérienne hantée par un régime qui redoute l’insurrection finale ! Mais en Algérie les contestations sociales sont des déboires, où on préfère, la version politiquement incorrecte, la fable de la guerre des clans et de la manipulation.
Avant l’impressionnante manifestation qui a traversé le poumon de la capitale, en commençant à Bab-Ezzouar pour se diriger au palais du gouvernement, ce fut dans le commissariat central de la pittoresque citée, Ghardaïa à la fois cité martyre et rebelle, qu’éclata, en premier lieu, une insurrection du corps constitué chargé du maintien de l’ordre.
L’URS (équivalent des CRS) du profond pays qui, depuis des mois ne maîtrise pas l’arbitrage des émeutes qui s’expriment en confrontations, entre Arabes et Berbères à Ghardaïa, est un élément essentiel dans la compréhension de la "Mutinerie" de la garnison de la police algérienne. La profondeur des incivilités, des violences et de la délinquance en Algérie interpelle sur le malaise, des services ayant pour mission la préservation de l’ordre, qui a généré ce mouvement, voire ce soulèvement inédit.
Lundi, 13 octobre à Ghardaïa, des magasins ont été incendiés et on déplore deux morts, du moins un est annoncé par plusieurs médias intentionnés par la vie des citoyens. Le jour suivant les agents mobilisés, dans cette ville du centre du pays où des troubles sectaires ont causé pas moins de 15 mois depuis le début de l’année, exigent de meilleures conditions de travail. Comme élément déclencheur, c’est le poste avancé.
Au passage à la 3ème journée, dès une heure du matin, une faction de 500 hommes, parmi les manifestants qui ont fait écho à Alger aux revendications de leurs collègues qui protestent pour « les conditions de travail », ont improvisé un siège autour de la présidence de la république. Vraiment, des portes du Sud au chef de l’Etat, la question de la citoyenneté ne saurait être niée !
Les flics émeutiers à Alger appartiennent à 3 contingents installés depuis avril dernier pour l’élection présidentielle qui a fait le 4ème mandat de Bouteflika. Des unités installées à El-Hamiz, qui viennent de Rélizane, Annaba et Médéa, préfèrent de nouvelles affectations après avoir loyalement sauver le gage de mise au maintien du même président, sans l’éthique primaire de l’alternance démocratique...
La complexité du cas Ghardaïa, d’où les policiers se révoltent en fracassant un règne de plus de 26 ans, incapable de surmonter le terrorisme, donne aussi du grain à moudre. Le départ du général-major, directeur général de la police, Abdelghani Hamel n’est pas fortuite. L’Homme était vu comme l’éventuel successeur de Bouteflika, celui des cercles ayant main basse du système qui a survécu à octobre 1988, à la décennie noire et au printemps arabe...
La lutte sociale des policiers algériens est arrivée à un but non-négligeable, le droit d’avoir un syndicat. Cet acquis dépasse l’état des cercles politiques impuissants de surmonter le régime à l’origine de la gouvernance qui castrent depuis plus d’un demi-siècle l’indépendance et ne satisfait pas l’aspiration à la démocratie.
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