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Après 50 ans d’indépendance : l’obsolescence d’une constitution violée !
lundi 15 juillet 2013, par
Plusieurs années avant son AVC Bouteflika, qui n’eut durant son règne pas une once d’humanité pour son peuple, était déjà un fossile, puisqu’en trois mandats il a été hospitalisé (toujours en France) 4 fois - dont une pour un cancer à l’Å“sophage -, mais un fossile qui voudrait emmener dans sa tombe le fauteuil présidentiel. C’est surtout un fossile qui a gardé une énorme capacité de nuisance, vu les relais dont il dispose au sein des institutions, à commencer par le Conseil constitutionnel qui lui est entièrement dévoué.
« Si la parole a besoin de l’action, l’action, elle, n’a pas besoin de paroles » Georges Habache
Par : DJAMAL Benmerad - Journaliste Algérien -
Dernier livre publié : nouvelle biographie du Che
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Notre dossier : L’Algérie et le Projet Démocratique.
La majeure partie du microcosme politique algérois (et non algérien car la base sociale de la majorité des partis ne dépasse généralement pas les limites de la capitale) est en émoi depuis l’accident vasculaire cérébral (AVC) survenu à Bouteflika, l’indus occupant de la Présidence de la République.
Certains, qui ne durent leur existence qu’à la Présidence, et pour qui nous reprenons l’appellation coloniale de Béni oui-oui, se mirent à redoubler de déclarations de vœux et de soutien à celui qui n’est désormais qu’un fossile. D’autres demeurent dans l’expectative. Tandis que d’autres, rares comme Mohamed Mechati, survivant des 22 historiques qui déclenchèrent la guerre d’indépendance ou le Front national algérien de Moussa Touati ou encore Me Ali-Yahia Abdennour, président d’honneur de la Ligue algérienne des Droits de l’Homme, demandent l’application sans tarder de l’article 88 de la Constitution. Cet article de la Constitution que nous reproduisons dans sons intégralité, stipule que :
« Lorsque le Président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil Constitutionnel, se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement.
Le Parlement siégeant en chambres réunies déclare l’état d’empêchement du Président de la République, à la majorité des deux tiers (2/3) de ses membres et charge de l’intérim du Chef de l’Etat, pour une période maximale de quarante cinq (45) jours, le Président du Conseil de la Nation, qui exerce ses prérogatives dans le respect des dispositions de l’article 90 de la Constitution.
En cas de continuation de l’empêchement à l’expiration du délai de quarante cinq (45) jours, il est procédé à une déclaration de vacance par démission de plein droit, selon la procédure visée aux aliénas ci-dessus et selon les dispositions des alinéas suivants du présent article.
En cas de démission ou de décès du Président de la République, le Conseil Constitutionnel se réunit de plein droit et constate la vacance définitive de la Présidence de la République.
Il communique immédiatement l’acte de déclaration de vacance définitive au Parlement qui se réunit de plein droit.
Le Président du Conseil de la Nation assume la charge de Chef de l’Etat pour une durée maximale de soixante (60) jours, au cours de laquelle des élections présidentielles sont organisées.
Le Chef de l’Etat, ainsi désigné, ne peut être candidat à la Présidence de la République.
En cas de conjonction de la démission ou du décès du Président de la République et de la vacance de la Présidence du Conseil de la Nation, pour quelque cause que ce soit, le Conseil Constitutionnel, se réunit de plein droit et constate à l’unanimité la vacance définitive de la Présidence de la République et l’empêchement du Président du Conseil de la Nation.
Dans ce cas, le Président du Conseil Constitutionnel assume la charge de Chef de l’Etat dans les conditions fixées aux alinéas précédents du présent article et à l’article 90 de la Constitution. Il ne peut être candidat à la Présidence de la République » . Fin de citation
Sauf qu’en Algérie, où le sport préféré du régime est de contourner les lois, cet article de la Constitution s’annule de lui-même car :
– 1. L’article 88 ne peut être appliqué qu’avec l’assentiment du clan de Bouteflika.
– 2. La procédure d’empêchement ne serait lancée que s’il y a consensus sur le nom du prochain président au sein du régime.
Après un premier volet consacré à l’interprétation théorique de l’article, voici un deuxième volet expliquant la réalité de l’application (ou plutôt de la non-application) de la procédure d’empêchement en Algérie.
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un empêchement ? Dans son sens commun, c’est une impossibilité d’agir, une difficulté ou encore un obstacle à surmonter. Nul ne peut contester qu’Abdelaziz Bouteflika soit dans une situation d’empêchement du fait de son état de santé. Il ne peut assurer ses fonctions à la présidence à El Mouradia. Et quand bien même il serait juste convalescent aux Invalides à Paris avec toutes ses facultés mentales et physiques, il ne peut y traiter des dossiers relevant de la souveraineté du pays au risque de mettre en péril des secrets de l’Etat algérien. Et la visite à son chevet à Paris du Premier Ministre Abdelmalek Sellal et du Chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah ne lève pas toutes les interrogations à ce sujet.
Dans son sens politique, le mot empêchement désigne une mesure, votée par un parlement ou un jugement décidé par une juridiction spéciale, visant à destituer ou suspendre un chef d’État ou une haute personnalité du pouvoir exécutif. C’est l’objet de l’article 88 de la constitution algérienne qui stipule qu’en cas de maladie grave et durable, le président peut être suspendu de ses activités pendant une durée de 45 jours. Et s’il n’est pas apte à reprendre sa fonction à la fin de ce délai, l’état de vacance est alors déclaré.
Ouvrons une parenthèse pour dire que si cette décision d’empêchement était virtuellement décidée aujourd’hui même, l’absence de Bouteflika peut techniquement totaliser 90 jours - soit le quart de sa dernière année de mandat - sans qu’il se retrouve destitué ! Il lui suffirait alors de revenir à El Mouradia couler ses derniers jours de Chef d’Etat. Mais fermons vite cette parenthèse toute virtuelle. En théorie, c’est le Conseil constitutionnel (CC) qui est chargé de s’assurer que la constitution - le texte fondamental de la république - soit bel et bien respecté. Cette haute juridiction aurait du s’autosaisir afin de garantir la bonne marche des institutions de l’Etat. Nul besoin d’envoyer une délégation en France, le CC peut constater la carence du pouvoir directement au palais d’El Mouradia à Alger. C’est bien moins loin !
Mais dans le contexte algérien, le CC n’est qu’une vitrine légaliste sans crédibilité. Avec la crise politique générée par la maladie du président, le CC attend les instructions avant de réagir. Loin d’être un gardien du temple, le CC n’est qu’un rouage du pouvoir. Une autre absurdité : les mandats de l’ancien président Boualem Bessaih et de plusieurs autres membres du CC s’étaient terminés au mois de septembre 2011. Ils ont quand même continué à siéger. Et cela ne les a pas empêchés d’entériner des lois organiques comme la loi sur les partis politiques ou le code de l’information début 2012. Un travestissement du texte fondamental qui aurait été frappé du sceau de la nullité dans toute démocratie qui se respecte.
Le successeur de Boualem Bessaih n’est autre que l’ancien ministre de la Justice Tayeb Belaïz. Aussitôt nommé en mars 2012, il se fait remarquer au mois de mai suivant en battant un record qui devrait figurer dans les annales. Il a fait valider les "résultats des élections législatives" sans avoir techniquement les données détaillées pour le faire. Avec lui, le Conseil Constitutionnel devient une simple chambre d’enregistrement. Une mission qu’il avait déjà réussie au ministère de la Justice de 2003 à 2012. Pas d’indépendance de la justice, pas de respect de la constitution. Pourquoi se gêner avec la légalité !
Le Conseil Constitutionnel est verrouillé. Parmi ses neuf membres, on retrouve d’anciens députés et sénateurs des partis du pouvoir FLN et RND. La stabilité du pays réside dans son immobilisme. Il ne faut pas espérer d’initiative autonome de ce côté là.
Et quand bien même, même si le CC s’autosaisit et lance la procédure d’empêchement, il lui faut passer par un vote à la majorité des deux tiers des membres du parlement, assemblée nationale populaire et conseil de la nation réunis. Et sur les 606 parlementaires - 462 députés et 144 sénateurs - combien doivent leur situation personnelle à leur asservissement à un clan du pouvoir ? Bref, une situation de blocage à ce niveau n’est pas une hypothèse à écarter. Moins pour des raisons politiques que pour assouvir leur cupidité. La plupart des parlementaires étant passés maîtres dans la monétisation de leur statut, il faut s’attendre à une surenchère de demandes sonnantes et trébuchantes ou d’avantages matériels. La notion d’intérêts supérieurs du pays étant d’ailleurs particulièrement étrangère à la culture de certains "élus" vus les conditions dans lesquelles ils ont été sélectionnés.
Ensuite, imaginons que toutes ces entraves soient finalement surmontées, c’est le président du Sénat qui assure l’intérim. Il s’agit de Abdelkader Bensalah. Un autre proche du clan Bouteflika. Ce qui laisse augurer que rien de toute cette procédure ne serait possible sans l’approbation des proches du président actuel.
Tous cela fait dire aux observateurs qu’Abdelaziz Bouteflika avait verrouillé l’article 88 à l’avance, de peur d’avoir un coup d’état médical à la Bourguiba. Le politologue Mohamed Chafik Mesbah, un ancien colonel des services secrets, le résume ainsi :
« On peut reprocher à Abdelaziz Bouteflika de ne pas avoir de stratégie, mais sur le plan tactique, il est imbattable. Ce n’est pas pour rien qu’il a placé Tayeb Belaïz au Conseil constitutionnel. Tant que la situation sera contrôlable, Belaïz refusera d’appliquer les dispositions constitutionnelles ».
Il lui suffirait alors au fossile de revenir à El Mouradia couler ses derniers jours de Chef d’Etat.
Une succession présidentielle n’est pas une affaire simple dans les coulisses du pouvoir algérien. Le consensus est souvent obtenu à l’usure après un long processus. Pour le moment, il semble qu’aucun candidat ne fait l’unanimité. Mais si jamais l’article 88 est enclenché, sur initiative principale des services secrets et de l’armée, et approbation des différents clans du pouvoir, dîtes- vous bien que le deal a été entériné et que le poulain présidentiel est déjà choisi.
Maintenant, en attendant le retour d’Abdelaziz Bouteflika ou sa peu probable destitution, il faut s’habituer aux habituels manquements à la légalité constitutionnelle. Ainsi en est-il du ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci qui reçoit les copies figurées des lettres de créance de plusieurs nouveaux ambassadeurs en Algérie. En totale contradiction avec l’article 78 de la constitution qui stipule que seul le Chef de l’Etat "reçoit les lettres de créance et de rappel des représentants diplomatiques étrangers," un pouvoir qu’il ne peut aucunement déléguer en vertu de l’article 87. La situation politique actuelle en Algérie est un coup anticonstitutionnel permanent, mais cela n’est pas nouveau. Cela fait des années que cela dure.
Cependant, et croyant connaître les mœurs du pouvoir, cela ne se passera pas ainsi.
Certains partis, ou plutôt clients du pouvoir, avaient déjà déclaré leur soutien à la quatrième et non moins illégitime candidature de Bouteflika à la Présidence car, rappelons-le, la précédente Constitution limitait les mandats présidentiels à deux (02). A cette occasion, rappelons que Bouteflika, prenant soin de multiplier le salaire des députés par 300, demanda au Parlement d’amender la Constitution auparavant pour une durée illimitée des mandats. Comme on ne proteste pas la bouche pleine, les députés votèrent avec les deux mains - et même avec leurs deux fesses - le nouvel amendement.
Mais revenons au début de la déb cle nationale.
Tout commença en 1998 lorsque l’armée présenta Bouteflika, qu’elle avait « importé » auparavant des Emirats Arabes Unis où il s’était réfugié fuyant la Justice algérienne, aux prédentielles. En effet, suite à la mort en 1979 du Président Houari Boumediene, dont Bouteflika était ministre des Affaires étrangères, la cour des comptes découvrit que ce dernier avait « prélevé » pour son compte personnel des milliards de dollars sur des fonds destinés aux chancelleries algériennes à l’étranger, somme qu’il avait placé sur deux comptes en Suisse. Par crainte d’être jugé et, éventuellement condamné, Bouteflika prit la fuite vers les Emirats Arabes Unis qui n’avait pas de traité d’extradition avec l’Algérie.
Cette même armée, après avoir assassiné en direct des écrans télé le Président Boudiaf, présenta Bouteflika aux élections présidentielles en tant que candidat unique, les autres postulants s’étant retirés de la course pour dénoncer les conditions d’organisation du vote. A l’aide d’une fraude massive, il fut « « élu » » avec le score brejnévien de 74 % de voix.
C’est là que s’aggrava la régression de l’Algérie, commencée sous la présidence de Chadli Benjedid et que débuta l’à-plat-ventrisme de Bouteflika, à-plat-ventrisme idéologique face aux USA et économique vis-à-vis de la France.
Dès son arrivée au pouvoir, Bouteflika entreprit le démantèlement de l’héritage de Boumediene timidement commencé à l’ère Chadli. En matière sociale, il commença par abolir ce qui faisait, entre autres, la fierté des Algériens : la médecine et l’éducation gratuites, ainsi que la subvention étatique du livre soudain considéré comme un produit de luxe.
Puis il s’en prit au secteur public industriel qui représentait l’écrasante majorité de l’infrastructure économique, allant jusqu’à dénationaliser le géant Sider, le plus grand complexe sidérurgique d’Afrique qui se permettait, au-delà de satisfaire l’autosuffisance nationale, d’exporter vers l’étranger ses produits.
Profitons de ce passage pour rappeler que Boumediene faisait payer à des pays du Tiers-Monde la moitié du prix international du pétrole, ce qu’on appelle un tarif préférentiel.
Pour parachever sa besogne, Bouteflika supprima le monopole de l’Etat sur le Commerce extérieur, ouvrant la porte à une faune de nouveaux riches qui, bénéficiant d’un registre d’import-export que l’humour algérien surnomma import-import - car ces spéculateurs ne produisant rien n’avaient n’avait rien à exporter - qui importaient des produits africains via la France. La France est le passage obligé, même pour l’importation de produits africains ! Le célèbre dramaturge Abdelkader Alloula, assassiné (par les islamistes, semble-t-il), en fit une pièce de thé tre pourfendant ces arrivistes intitulée « Les sangsues ».
Tout cela se fit sur recommandation du FMI alors qu’un pays riche tels que l’Algérie pouvait se permettre d’ignorer cette institution, aussi internationale soit-elle. Et pour ce faire il s’est adjoint son frère Saïd, véritable Raspoutine, en le nommant Conseiller à la Présidence.
Et cerise sur le g teau, il débaptisa les rues d’héroïnes martyres de la guerre d’indépendance. C’est pour se guérir d’un complexe, surtout s’agissant de femmes. Cela se comprend, sans l’admettre, de la part d’un homme qui a fait la guerre dans les cabarets d’Oujda et qui ne participa à la guerre d’indépendance qu’en tant que secrétaire administratif de Boumediene, alors chef d’Etat-major de l’Armée de Libération Nationale.
Contrairement à ce que dit sa biographie officielle, Bouteflika n’a eu, durant la guerre d’indépendance, aucun grade militaire dans l’Armée de Libération Nationale, Un grade se gagne au combat et Bouteflika n’a jamais participé à aucun combat. Il n’a jamais touché une arme, sauf peut-être en tant que Président, au Musée de L’Armée.
Né à Oujda, bourg marocain frontalier de l’Algérie, et peu doué pour les études, il fut renvoyé de l’école pour manque d’assiduité.
Dans cette même ville était stationnée l’ « « armée des frontières » » composée de bataillons de l’Armée de Libération Algérienne (ALN). La mère de Bouteflika, qu’il continue à appeler affectueusement El Walida, possédait dans cette ville un hammam qui avait deux entrées, l’une donnant sur le hammam et l’autre, plus discrète, sur une maison close qu’elle avait faite enregistrer comme dépendance dudit hammam, les maisons closes étant sévèrement taxées. Les soldats de l’ALN qui fréquentaient l(es)’établissement(s) de Mme Bouteflika chargeaient son fils de différentes petites courses : tabac, sandwichs, etc.
Intrigant précoce, Bouteflika gr ce ces petites courses, réussit à se faufiler au sein de l’ALN et à se faire recruter comme secrétaire administratif de son chef d’état-major : Houari Boumediene.
Avec le temps et pour des raisons ignorées, où que nous voulons ignorer parce qu’il s’agit de la vie privée de la mère Bouteflika et de Boumediene, celui-ci en fit son confident et c’est ainsi que Bouteflika, sans compétences particulières, se retrouva, à l’indépendance de l’Algérie, ministre de la Jeunesse, puis ministre des Affaires étrangères.
Une répression multiforme
Voici, par exemple, ce que déclarait la Coordination Nationale pour le Changement Démocratique (CNCD ) dont le président est M. Ali Yahia Abdennour, doyen des Droits de l’Homme en Algérie dans sa « plate-forme de sortie de crise » : « Le changement aura lieu dans la rue, d’une manière pacifique mais résolue » a averti Maître Ali Yahia Abdenour à l’occasion d’une conférence de presse organisée par la CNCD (composée essentiellement d’acteurs de la société civile). Le président d’honneur de la ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) n’a pas été complaisant et a dressé un tableau très sombre de la situation politique en Algérie. Pis, l’Algérie toute entière serait dans une « phase dangereuse » », estime le conférencier qui soutient « qu’une tempête est en train de se préparer et va emporter le régime, comme cela s’est passé en Tunisie et en Egypte ». Cela c’était le 15 juin 2012.
Ali Yahia Abdenour propose de « destituer » le chef de l’Etat en s’appuyant sur la Constitution, notamment dans son article 88 qui prévoit, ajoute-t-il, « le remplacement du président de la République en cas de maladie grave ». Le président d’honneur de la LADDH dira qu’il a trouvé le discours à la nation de Bouteflika « pathétique ». Tous les changements à l’intérieur du système ne seront d’aucun effet, estime encore l’avocat qui soutient que « le départ du président de la République doit être un préalable à tout changement ». Les réformes annoncées par le chef de l’Etat ne sont que de la « « poudre aux yeux » » pense Ali Yahia Abdenour qui remontera dans l’histoire en affirmant qu’entre le colonialisme et le pouvoir actuel rien n’a vraiment changé. « « Les citoyens algériens sont restés des sujets, comme lors de la colonisation » » dira-t-il en soulignant que « la révolution algérienne a été détournée de son sens depuis 1962 ».
Pour sortir de cette « crise », la CNCD propose une série de mesures, contenues dans une plate- forme distribuée aux journalistes, en marge d’une conférence de presse organisée à Alger. Le premier préalable c’est l’organisation d’une conférence nationale et qui aura pour mission de désigner un conseil national de transition démocratique (CNTD), est-il expliqué. Composé de personnalités « résolument engagées pour le changement démocratique », le CNTD aura un mandat qui ne devrait pas dépasser les 12 mois, ajoute- t-on encore en soulignant que la commission doit veiller à « dissoudre toutes les assemblées élues » », « « nommer un gouvernement de transition pour gérer les affaires courantes » et enfin « se préparer pour engager le pays dans une refondation nationale dont la clé de voûte sera la rédaction d’une Constitution qui sera proposée au peuple algérien par voie référendaire ». « Le CNTD mettra en place une commission indépendante qui proposera les modalités de restitution du sigle FLN à la mémoire collective. Cette commission aura pour mission d’établir la vérité et la justice sur toutes les atteintes subies par les Algériennes et les Algériens après l’indépendance » est-il stipulé dans le cinquième point de la « plate- forme pour le changement démocratique ». Cette dernière, propose par ailleurs que durant cette phase de transition « l’armée et l’ensemble des services de sécurité seront placés sous l’autorité du CNTD et auront pour mission la défense du territoire et du caractère républicain et démocratique de l’Etat ».
Interrogé sur la faible participation des citoyens aux « marches hebdomadaires » de la CNCD, le député du RCD, Besbès Tahar incombe cela au dispositif sécuritaire déployé chaque samedi. Par ailleurs, la représentante du parti pour la liberté et la démocratie (PLD), Mme Aouicha, est intervenue au sujet de l’assassinat d’Ahmed Kerroumi, l’enseignant universitaire, militant au sein du MDS et membre de la CNCD d’Oran. « « C’est un assassinat politique dont l’objectif est de nous faire taire » » a-t-elle déclaré. A noter qu’en dehors de l’action de samedi, c’est la première fois que la CNCD organise une conférence publique. Plusieurs personnalités politiques nationales et des ambassadeurs ont été invités et les représentants des chancelleries basées à Alger, des USA, d’Espagne et d’Italie sont venus participer à la rencontre.
Le violent Bouteflika ne pardonne qu’à la violence, pour preuve il a amnistié plusieurs milliers de terroristes, dont leurs chefs, reconnus coupables de massacres et de viols.
Bouteflika accordait au parti qui le demande un agrément d’Etat, dont il ferait plus tard un « client », tout en l’infiltrant par le DRS. Cependant, durant ces trois mandats éprouvant pour le peuple algérien, il rejeta toutes les demandes d’officialisation demandée avec insistance par divers syndicats qui ont pourtant démontré, par leurs actions, leur représentativité. Au contraire, ces syndicats furent réprimés et plusieurs de leurs membres, dont des grévistes de la faim, furent incarcérés.
Cette répression nous rappelle celle dont fut l’objet le CNCD. La marche organisée par le CNCD le nous donne un aperçu sur la réceptivité du pouvoir de toute forme de contestation.
La marche du 12 février 2011
Plusieurs milliers de manifestants se sont réunis à Alger, le 12 février 2011 autour de la place du 1er mai, pour manifester contre le pouvoir algérien à l’appel de la CNCD, qui rassemble des partis d’opposition, des représentants de la société civile et des syndicats non officiels. Le rassemblement, interdit par les autorités, s’est cantonné à la place, sous la surveillance d’un impressionnant dispositif de répression - 30.000 policiers, selon les chiffres officiels - qui a dispersé la foule.
Mais auparavant, il y eut ce que la mémoire collective retiendra sous le titre de Printemps noir.
Lors de la commémoration en avril 2001 du Printemps berbère par des militants qui revendiquaient l’amazighité (berbérité) de l’Algérie, par une marche pacifique, Bouteflika fit tirer sur la foule à l’aide de balles explosives qui firent 126 morts et plusieurs milliers de blessés. La majorité des victimes ont reçu les balles dans le dos et à hauteur de la nuque : l’armée avait donc tiré pour tuer et elle ne pouvait le faire si elle n’en avait reçu l’ordre du Commandant suprême des forces armées, à savoir le chef de l’Etat. Ce massacre restera dans la mémoire collective sous le nom du Printemps noir. Pour moins que ça des chefs d’Etats furent jugés par la Cour pénal international pour crimes contre l’humanité, mais on ne traduit pas en justice, fut-elle internationale, un protégé de Washington. Au lieu de cela, Bouteflika reçut les félicitations du Fonds Monétaire International pour sa « bonne gestion » de l’économie algérienne, alors que ce même FMI était au fait des émeutes contre la cherté de la vie qui avaient régulièrement lieu dans les principales villes du pays telles que Bougie, Tizi-Ouzou, Annaba, Constantine…
Israël, Israël !
Les relations - officieuses mais fructueuses pour l’Etat hébreu - avec l’Etat d’Israël commencèrent lors du premier mandat de Bouteflika. Alors qu’il avait déjà entrepris des relations avec l’Etat d’Israël, le Président prononça cette phrase d’apparence anodine lors d’un de ses nombreux discours : « Lorsqu’un médecin me prescrit un médicament je ne veux pas connaître la nationalité du pharmacien ». Cette phrase qui préfigurait les relations algéro-israéliennes échappa dans un premier temps au peuple algérien, sauf aux initiés. Mais de quelle maladie souffrait l’Algérie – hormis celle de l’incurie de son Président ? - pour que lui soit prescrite la relation avec l’Etat tueur d’enfant palestinien Israël ? -Cette relation qui faisait suite à une injonction des Etas-Unis commença par l’importation d’Israël …de tests de grossesses. En dehors de son aspect politiques, non nombre d’économistes internationaux furent ahuris : qu’est-il besoin d’aller chercher aussi loin des tests de grossesses alors qu’il était possible de les acquérir plus vite et moins cher moins cher et dans pays proches, ce qui reviendrait moins cher ?
Ensuite il y eut les œufs. Bouteflika les faisait importer d’Israël via l’Espagne où ils changeaient l’estampille de provenance.
Tout cela n’était que l’introduction à une autre forme, de collaboration, celles des services de répression.
A dater de l’an 2000 - nous n’avons pas la date précise - le Shin Beit, service de sécurité de l’intérieur israélien, prit en charge à la demande de Bouteflika, la formation des officiers supérieurs de la police et du service de sécurité intérieur algériens …
Puis on passa, de 2005 à 2012, à l’achat de matériel militaire israélien que par souci de discrétion on fit transiter par la Grande-Bretagne. Cette information a été révélée par le quotidien Haaretz. Cette même source affirme que des armes ont été également livrées au Maroc, aux Emirats Arabes Unis et à l’Egypte.
L’Algérie n’a ni démenti ni confirmé ces révélations.
* * *
Plusieurs années avant son AVC, Bouteflika était déjà un fossile, un fossile utile, certes, pour la bourgeoisie arriviste, mais aussi un fossile qui voulait emmener dans sa tombe le fauteuil présidentiel
A l’occasion de son décès - que nous n’espérons pas - il y aura toujours des concierges pour le pleurer, parce qu’elles sont des concierges.
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