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La femme égyptienne proie des prédateurs... d’avant et d’après la révolution.
jeudi 1er mars 2012, par
La révolution en Egypte n’est pas celle de tous les Hommes... "Les femmes sont constamment soumises à des violences de type harcèlement et abus sexuels dans la rue et 90 à 97 % des femmes égyptiennes sont victimes de mutilations sexuelles", dénonce le Centre égyptien pour les droits des femmes (ECWR), une ONG.
En 2008, les résultats d’une enquête menée par l’ECWR signalaient déjà 83 % de femmes sont harcelées, sur un panel de 1000 femmes interrogées. Qu’elles soient égyptiennes ou étrangères ; jeunes ou plus gées ; en burkas, portant le voile ou pas ; célibataires ou mères de famille... elles sont frôlées par « inadvertance » dans la foule de la place Tahrir, elles se font effleurer les seins par un homme qui passe près d’elle en Tchouc-Tchouc, toucher les parties génitales, arracher leurs vêtements, violer et même lyncher... par un ou plusieurs hommes civils ou policiers ! Ce sont parfois de réelles hordes improvisées de prédateurs allant jusqu’à une centaine d’hommes qui se livrent à une chasse aux femmes et finissent par prendre à partie l’une d’entre elles dans une rue menant à la place Tahrir. Cette place, symbole de liberté, est aussi le témoin de la recrudescence des violences sexuelles quotidiennes faites aux femmes en Egypte.
Les Égyptiennes se défendent contre le... par Nzwamba
Acte d’opposition ou bien encore « vengeance » selon l’interprétation de certains médias, frustrations liées aux montées de valeurs religieuses et culturelles, chômage ou encore crise économique ? Rien ne peut justifier ces actes. En Égypte comme partout dans le monde, s’agissant de n’importe quelle forme de violence sexuelle à l’égard des femmes, la tendance est de bl mer la victime et de trouver des excuses à l’agresseur. Par exemple, le ministère, qui est responsable des mosquées et des lieux de prière en Egypte, a distribué une brochure sur le harcèlement sexuel contenant une analyse des raisons pour lesquelles ce phénomène a augmenté dans cette société largement conservatrice. Notamment mis en cause dans cette brochure, les vêtements provocants portés par certaines femmes. Cependant, selon les conclusions de l’enquête menée par l’ECWR en 2008, le harcèlement, contrairement à ce que l’on pourrait penser, n’est pas lié à la façon qu’ont les femmes de s’habiller puisque 71,5 % des femmes interrogées se déclarant victimes d’agressions sexuelles portaient des foulards ou des vêtements couvrants (et 19,6 % portaient de véritables burkas).
Malgré ces faits objectifs, nombreuses sont les femmes qui portent le poids de la culpabilité et ne dénoncent pas aux autorités les crimes dont elles sont victimes, particulièrement face aux autorités qui semblent dépassés par le phénomène. Une minorité de femmes riposte alors en prenant des cours de self-défense ou bien ose briser le tabou en portant l’affaire devant les tribunaux, à l’instar de Noha Rushdie qui, en 2009, a fait condamner le premier homme pour harcèlement sexuel en Égypte.
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L’étude de l’ECWR révèle qu’un grand nombre d’hommes – 62,4% – reconnaît avoir harcelé sexuellement des femmes. L’étude menée en 2008 a éveillé les consciences et donné espoir aux femmes. La Révolution Egyptienne a certainement participé largement à cette prise de conscience, malgré paradoxalement l’augmentation des agressions sexuelles.
La révolution égyptienne exclut-elle les femmes, leurs droits et leurs conditions ? Femmes et hommes étaient unis pour une cause commune lors des manifestations place Tahrir et ont rendu possible cette révolution de justice et de liberté. Leurs revendications étaient les mêmes : démocratie, alternance politique et fin de l’Etat policier. Ensemble, ils ont permis que le régime corrompu de Hosni Moubarak soit destitué. Les femmes ont eu une part importante dans l’Histoire de la Révolution Egyptienne. Notamment, une jeune femme, Asmaa Mahfouz est devenue l’emblème de la Révolution Egyptienne suite à son appel sur Youtube lancé aux femmes et hommes à se rassembler dans les rues du Caire.
« Les femmes ont été impliquées dans tous les aspects de la révolution : dans les confrontations en première ligne, dans les confrontations avec les forces de sécurité, la mobilisation, l’écriture des slogans, les cris. Elles dormaient dans les tentes sur la Place Tahrir pendant les sit-ins. Certaines femmes sont restées tout au long des 18 jours des manifestations. Des femmes figurent aussi parmi les martyr-e-s de ce mouvement. Des femmes ont été tuées par les forces de l’ordre. D’autres ont été arrêtées et détenues. La majorité des femmes qui ont participé à ce mouvement étaient jeunes, mais il y avait aussi des femmes de tous ges et de tous milieux. » souligne AMAL ABDEL HADI de l’Association Femme Nouvelle. Mais cet esprit de solidarité qui régnait durant les manifestations, se serait-il évanoui depuis la revendication des femmes à une Egalité homme-femme ?
La Révolution Egyptienne représente une avancée considérable qui a fait brusquement basculer le pays. En réalité, l’avènement d’un gouvernement démocratique n’est pas une fin en soi mais certainement le point de départ pour rendre vie aux droits des femmes et permettre à celles-ci de continuer à écrire l’Histoire, tels des Hommes. Changer les mœurs d’un pays est un plus long processus que de changer un régime politique.
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