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Le Piège de la dette publique : comment s’en sortir.

Livre d’un collectif d’économistes français.

mercredi 5 octobre 2011, par Hakim Arabdiou

Un collectif d’économistes français, Jacques Cossart, Evelyne Dourille-Feer, Jean-Marie Harribey, Michel Husson, Esther Jeffers, Pierre Khalfa, Antoine Math, Dominique Plihon et Eric Toussaint, viennent de publier un ouvrage intitulé, le Piège de la dette publique : comment s’en sortir, aux éditions "les Liens qui libèrent", Paris, 2011.

Pour ces auteurs, la dette extérieure publique des pays du Nord est incommensurablement plus élevée que celle des pays du Sud. C’est ainsi que la dette de la France équivaut à elle seule à 80% de la dette de l’ensemble de ces derniers pays, y compris l’Inde et la Chine.


17-Alain Denault par ParadisFJ

De plus, les pays en développement sont temporairement en meilleure situation financière de rembourser leurs dettes respectives, gr ce à l’accroissement de leurs recettes en devises, issues des prix élevés de leurs matières premières, et aussi à la possibilité de rembourser leur dette en se refinançant à bas coût, auprès des banques centrales du pays du Nord, qui pratiquent en cette période de crise, pour leurs propres banques, des taux d’intérêt, presque nuls.

C’est pourquoi, ils devraient profiter de ce rapport de forces qui leur est relativement favorables pour exiger de leurs créanciers du Nord, du FMI, de la Banque mondiale... qu’ils annulent une part significative ou la totalité de leurs dettes. Les raisons ne manquent pas : les conditions illégitimes dans lesquelles ces dettes ont été émises ou souscrites ; les graves dommages pour leurs économies et les grandes souffrances pour leurs peuples que leur ont infligé les sinistres « ajustements structurels » ; ou bien la « dette écologique » des entreprises et des États du Nord envers les pays du Sud : pillage de leurs ressources naturelles, pollution, etc. Ce sont l’une ou l’autre de ces raisons que l’équateur, le Paraguay et l’Argentine ont excipé pour faire annuler une grande partie de leurs dettes.

La dette souveraine européenne est une dette illégitime

La source principale des déficits publics dans les principaux pays capitalistes est l’imposition par les gouvernements de droite ou socio-démocrates aux peuples de ces pays, des mesures néolibérales : la baisse considérable des cotisations sociales pour les patrons, et de l’impôt sur les hauts revenus et les profits, ainsi qu’une répartition de la valeur ajoutée en faveur du capital et au détriment du travail, auxquelles s’ajoutent l’évasion fiscale et la fraude fiscale. À titre d’illustration, en Grèce, l’impôt sur les bénéfices des sociétés est passé en 10 ans de 40% à 24%, et en Irlande de 50% à 12,5%, en 20 ans.

Malgré tout, ce déficit était demeuré faible : moins de 1% en moyenne dans la zone euro, avec toutefois des disparités. À l’exception de la Grèce, les 16 autres pays de l’Euroland connaissaient soit un excédent budgétaire, soit un léger déficit budgétaire et une légère dette.

Mais l’éclatement des crises économique et financière, de 2007-2008, ont plongé tous les États européens dans la crise de la dette. Leur déficit budgétaire a augmenté de 6 points du PIB en moyenne, avec là aussi des disparités, parfois très importantes.

Car pour sauver la plupart des banques pyromanes de la faillite, les États européens et les autres pays capitalistes, ont également entrepris une gigantesque recapitalisation de ces établissements.

Pour résoudre cette crise, les gouvernements européens, la Commission européenne et la Banque centrale européenne, ainsi que le Fonds monétaire international font payer les peuples en leur imposant l’austérité, pour gaver encore plus les auteurs et les profiteurs de cette crise, en l’occurrence les marchés financiers et les sociétés transnationales.

Mais cette politique pro-cyclique, injuste socialement et inefficace économiquement, fait entrer les pays endettés dans la récession, laquelle réduit leurs recettes, et par conséquent leur aptitude à rembourser. « Inquiets » d’éventuels défauts de paiement, les marchés financiers ne manqueront pas ensuite d’augmenter la prime de risque dans les taux d’intérêt pour leurs créances. Ce taux d’intérêt alourdira davantage le service de la dette pour les pays débiteurs, qui auront encore plus de mal à rembourser, ce qui accroîtra de nouveau l’« inquiétude » des marchés financiers, etc. C’est ce qu’on appelle la spirale infernale de la dette.

Les dettes souveraines états-uniennes et japonaises

La dette publique des États-Unis d’Amérique s’évalue quant à elle à plus de 95 % de son PIB, soit plus 14 000 milliards de dollars, auxquels s’ajoutent 41 000 milliards de dollars de dette privée. Toutefois, cette dette colossale est encore « soutenable » pour l’économie de ce pays, du fait avant tout de sa puissance économique, et aux privilèges qu’il tire du dollar, en tant que monnaie de paiement et de réserve internationales, ainsi qu’aux bénéfices de ses investissements directs à l’étranger. Mais jusqu’à quand ? Car ce pays connait, depuis cinq décennies, une baisse tendancielle importante de son PIB, ainsi que l’augmentation des déficits de sa balance commercial et de sa balance des transactions courantes, ainsi que le recul de la place du dollar, comme instrument de réserve de change...

Pour ce qui est de la dette japonaise, elle s’élève en 2011 à plus de 200 % par rapport à son PIB, dont plus de 95 % est détenue par des institutions publiques et des épargnants japonais, avec un taux d’intérêt d’environ, 1 %, seulement. Néanmoins, ces deux atouts peuvent s’amenuiser à moyen terme, à cause du « désépargne », lié au vieillissement de sa population. D’ores et déjà, le taux d’épargne des ménages a chuté durant ce dernier quart de siècle. Il en est de même de l’épargne nationale brute, qui a connu lui aussi une baisse sensible durant la même période.

Pour une autre Union européenne

La dette souveraine européenne doit être restructurée, en vue d’en annuler la partie qui s’avère illégitime, ou de rééchelonner une partie d’entre elle. Il est également nécessaire d’ajuster les taux d’intérêt aux capacités de remboursement des États et de faire obligation à la Banque centrale européenne de financer directement les dettes des pays de la zone euro et à de faibles taux d’intérêt.

Pour se libérer du dictat des marchés financiers, il faut taxer les transactions financières, règlementer les fonds d’investissements spéculatifs (hedge funds) et les agences de notations, incompétentes et corrompues, interdire les ventes à découvert et les marchés de gré à gré sur des produits dérivés, interdire les paradis fiscaux, nationaliser les banques, créer un pôle financier public, etc.

Il s’agit également à termes de réformer profondément les traités et l’ensemble de la législation régissant l’organisation, le fonctionnement et la finalité de l’Union européenne. L’objectif est d’impulser des politiques économiques, monétaires, fiscales et sociales nationales et communautaires au service des peuples européens.

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