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Livre : Manifeste des économistes atterrés : crise et dettes en Europe : 10 fausses évidences et 22 mesures en débat pour sortir de l’impasse

mardi 13 septembre 2011, par Hakim Arabdiou

Quatre économistes, Philippe Askenazy, Thomas Coutrot, André d’Orléan, Henri Sterdyniak, ont publié aux éditions Les Liens qui libèrent, en 2010, à Paris, un ouvrage intitulé, le Manifeste des économistes atterrés : crise et dettes en Europe : 10 fausses évidences et 22 mesures en débat pour sortir de l’impasse.

Quatre économistes, Philippe Askenazy, Thomas Coutrot, André d’Orléan, Henri Sterdyniak, ont publié aux éditions Les Liens qui libèrent, en 2010, à Paris, un ouvrage intitulé, le Manifeste des économistes atterrés : crise et dettes en Europe : 10 fausses évidences et 22 mesures en débat pour sortir de l’impasse.

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Ce manifeste a été signé par plus de sept cents de leurs consœurs et confrères de diverses Écoles économiques en France. Il part d’un constat paradoxal : les crises économique et financière, de 2007-2008, dans les grands pays capitalistes, n’ont pas mis en fin à la domination de la pensée néolibérale, ni à la soumission des gouvernements de ces pays au diktat des marchés financiers. Effet, ces gouvernements s’entêtent à appliquer, depuis trente ans, les mêmes mesures d’austérités, qui ont provoqué la crise actuelle.

Aussi, l’objectif des auteurs est-il de tordre le cou à dix idées fausses, martelées par les forces du marché et leurs « experts ». Cette critique radicale s’accompagne de vingt-deux propositions, en vue de contribuer à surmonter la crise actuelle et à refonder l’Union européenne sur des bases nouvelles.

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C’est ainsi que selon les économistes néoclassiques seule la liberté totale des marchés financiers et celle de la concurrence conduira à la meilleure allocation des ressources et à la fixation du juste prix des biens et services. L’erreur fondamentale de ces économistes consiste à transposer aux actifs tant monétaires et que financiers, la loi de l’offre et de la demande des biens et services. Cette loi indique que le niveau de variation des prix est inversement proportionnel au niveau de variation de l’un ou l’autre de ses termes.

Or s’agissant d’un actif, plus il est demandé, plus son prix augmente ; moins il est demandé, plus son prix baisse. De plus, ces prix s’auto-entretiennent. Car plus le prix d’un actif augmente, plus il est demandé ; et plus son prix baisse, moins il est demandé, et ainsi de suite. Ce qui aboutit souvent à un prix de l’actif, sans lien avec sa valeur réelle.

Autre mystification :la supériorité des marchés financiers dans le financement de l’économie. En vérité, ce sont les agents économiques, qui se retrouvent contraints d’engraisser les marchés financiers. L’exigence par ces derniers de taux de profits exorbitants, 15-20%, sont antiéconomiques, tout en creusant davantage les inégalités sociales.

Il est en effet difficile de trouver des projets aptes à satisfaire de tels taux. Et quand c’est possible, les gestionnaires des entreprises réduisent la masse salariale, en vue d’accroître la part des profits et des dividendes.

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Les marchés financiers seraient également les meilleurs juges de la solvabilité ou non des États quant à leurs capacités à honorer leurs dettes.

Nous sommes, alors, amenés à penser que les taux d’intérêt sur les dettes publiques, imposés par les marchés financiers, à partir des notes attribuées à ces dettes par les agences de notation reflètent effectivement les risques encourus par les prêteurs. Il n’en est rien.

Le jugement sur les gains et les pertes d’un actif monétaire ou financier n’est pas mesurable objectivement, comme on mesure les biens et services ordinaires. Il résulte d’un jugement subjectif. Ces agences ne prennent également en compte que la dimension financière. De surcroît, leurs notes ne sont pas neutres, mais « auto-réalisatrices ». Une mauvaise note octroyée à la dette de tel ou tel pays, à partir d’un risque inexistante ou surestimé, au départ, finit par advenir, comme c’est le cas de la Grèce, par exemple.

Suite à cela, les taux d’intérêt de sa dette ont augmenté significativement et ont alourdi les services de la dette qu’elle doit débourser. Ceci a aggravé à son tour son déficit et sa dette, ainsi que ses difficultés à rembourser la dette et le risque de défaut de paiement.

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Mais par quel mystère une situation irréelle devient-elle réelle ? Par le fait que les marchés financiers sont moutonniers, et qu’ils essaient d’anticiper (spéculer) en permanence sur leurs chances de gains et leurs risques de pertes. Aussi, sont-ils à l’affût, et aussi à la merci de la moindre information de ce genre. Si, à tort ou à raison, ils anticipent l’augmentation du prix de tel ou tel actif, tous les acteurs des marchés financiers s’empressent d’acheter cet actif. Cette demande fait alors accroître le prix de cet actif.

Enfin, la dégradation de la note d’une dette peut également être effectuée à dessein, dans la mesure, où cette dégradation fait augmenter les taux d’intérêt. Elle constitue de ce fait, une source de profits supplémentaires, pourles marchés financiers (prêteurs), auxquels ces agences sont inféodées idéologiquement et commercialement.

Il paraît aussi que pour résorber la dette publique, il faudrait réduire les dépenses publiques. Cette idée est sous-tendue par une autre. Les déficits publics seraient provoqués par les politiques de dépenses publiques (de relance) ; et aussi que tout déficit public entraîne nécessairement une dette publique. Par conséquent, la réduction de la dette publique passerait nécessairement par la réduction des déficits publics, lesquels impliquent la réduction des dépenses publiques.

Il faut d’abord savoir que les déficits publics peuvent avoir plusieurs causes, les unes légitimes, les autres illégitimes. Il est ensuite des déficits publics, qui sont bénéfiques à l’économie et au pouvoir d’achat, parce qu’ils constituent une avance sur les richesses à venir, gr ce à une politique de redistribution et d’investissement.

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Au contraire des politiques d’austérité (pour le peuple) qui prétendent résoudre le problème des déficits publics et de la dette, en réduisant sensiblement les dépenses publiques. Ce qui maintient ou plonge le pays concerné dans la récession. Cette dernière diminue à son tour les recettes publiques.

Autre fausse évidence que les tenants du néolibéralisme et leurs chiens de gardes au sein de la classe politique, des économistes et des médias aux ordres, ont usé et abusé depuis fort longtemps, à savoir que la baisse des cotisations sociales et des impôts sur les bénéfices des entreprises, en allégeant le coût du travail, favorisent l’investissement. Ce qui accroît les recettes de l’État, et évite à ce dernier d’emprunter. Encore faudrait-il préciser de quelle –type- de baisse d’impôts il s’agit.

Le déficit public dans les pays capitalistes trouve son origine dans la réduction significative des recettes publiques, à cause des crises économiques et financières, ainsi que des énormes cadeaux fiscaux offerts, depuis trente ans, aux bénéficiaires des profits et de hauts revenus, ainsi qu’au détenteur de patrimoine.

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