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La révolution du jasmin, aux effluves propagés sur le monde arabe.
mercredi 19 janvier 2011, par
Nous nous réjouissons à Respublica, en premier lieu avec les républicains, les laïques, les syndicalistes et les féministes arabes, de la récente victoire du peuple et des démocrates tunisiens, ayant conduit à la chute de leur président-dictateur et maffieux, Zine el Abidine Ben Ali, après quatre semaines de manifestations populaires, promptement et efficacement relayées et impulsées par l’opposition démocratique tunisienne.
Néanmoins, les forces de progrès dans les pays arabo-musulmans et dans le monde partagent l’inquiétude du peuple et des démocrates tunisiens de se voir usurper leur victoire, soit par la maffia de Ben Ali entièrement en place dans tous les rouages de l’État, de l’appareil économique et de la société, soit par le parti d’extrême droite, Ennahda, de Rachid Ghannouchi, suite à l’alliance de celui-ci avec une fraction ou du pouvoir ou de la gauche.
L’Algérie a, elle aussi, connu des troubles similaires à la même période. Le mégalomane président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a de quoi s’inquiéter, après par la « mauvaise » tournure, pris par les événements, en Tunisie.
Il droit craindre par-dessus tout de nouvelles explosions populaires d’aussi grande ampleur, et leur jonction avec d’une part la société civile, et d’autre part avec ses opposants au sein même du pouvoir : les chefs de l’armée, du FLN, la haute administration d’État et des entreprises publiques économiques, ainsi que d’autres centres de décision étatiques.
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L’intéressé rencontre une forte opposition à son intention de briguer un autre troisième mandat, après avoir fait modifier en ce sens la Constitution. Le président algérien s’était déjà imposé à son peuple, en s’offrant un deuxième mandat, par une fraude massive, lors de la dernière élection présidentielle, largement boycottée par les Algériennes et les Algériens. C’est aussi avec le même procédé condamnable, qu’il fit adopter contre l’avis de son peuple meurtri, une seconde loi, amnistiant les islamoterroristes.
Des revendications socio-économiques à la contestation politique
La récente expérience en Tunisie montre avant tout comment des manifestations à caractères socio-économiques ont servi de catalyseur à des revendications politiques, se soldant par la mise à bas d’un régime policier. C’est là où réside l’importance cruciale des vingt-trois années de luttes des démocrates tunisiens, notamment de gauche, de leurs sacrifices et de la répression qu’ils avaient subie. C’est tout ce travail politique de longue haleine, qui a permis au peuple tunisien de se lever aujourd’hui contre le régime inique de leur pays.
Toute proportion gardée, ce sont les grèves et les manifestations de rue des ouvrières du textile de Petrograd (Saint- Pétersbourg), qui avaient servis de catalyseur à l’avènement de la révolution prolétarienne d’Octobre1, en Russie. A l’occasion du 8 Mars 1917, ces ouvrières avaient fait grève et avait manifesté, contre la brutale augmentation du prix pain, et de sa pénurie. « Du pain, du pain » ! criaient-elles. Elles furent immédiatement rejointes de proche en proche par les ouvriers des usines ; beaucoup parmi les unes et les autres étaient impulsés et encadrés par les militants ou les sympathisants de gauche, notamment les bolcheviks. La répression de ce mouvement transforma ce dernier en insurrection entraînant l’effondrement du tsarisme en moins de trois semaines.
Pourtant, Lénine était persuadé, que la Révolution n’aurait pas lieu de son vivant, comme il l’avait confié aux militants de son parti, à l’école des cadres, qu’il avait ouverte, durant l’été 1911, à Longjumeau, en banlieue parisienne.
La victoire du peuple tunisien galvanisera les peuples arabes et les peuples musulmans
De même que la manière, dont a été chassé le chef de l’État tunisien ne manquera d’avoir une onde de choc immédiate et à moyen terme dans tous les pays arabes et dans au moins quelques autres pays musulmans.
C’est en effet la première fois, qu’un chef d’État arabe est chassé de la sorte. Ceci ne manquera de susciter la prise de conscience de ces peuples, qu’ils peuvent venir à bout de leurs despotes, pourvu qu’ils le veuillent. Ces despotes et leurs appareils politico-militaro-policiers ont eux aussi pris subitement conscience, que dorénavant, ils ne seront plus à l’abri de la colère de leurs peuples.
Ceci d’autant plus que ces pays ont une composante sociologique semblable, laquelle connait les mêmes problèmes socio-économiques explosifs, qu’en Tunisie, et de fortes similitudes entre leurs régimes.
Cela ne manquera pas non de revigorer les opposants à l’islamodictature iranienne, laquelle multiplie actuellement les pendaisons et les lourdes peines de prison contre les intellectuels, les femmes, les syndicalistes, les militants de gauche, dans l’intention de casser les ressorts d’un nouveau mouvement de contestations de grandes ampleurs de l’opposition, et qui peut cette fois-ci mettra fin à la nature théocratico-policière du régime.
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L’expérience tunisienne fera également réfléchir le Syrien, Bachar Assad, l’Égyptien, Hosni Moubarak, le Libyen, Ma mar Kadhafi, le Marocain, Mohamed VI, le Jordanien, Abdellah II… qui se préparent à passer le pouvoir à leurs progénitures, comme l’a fait le dictateur Hafez Assad à son fils Bachar.
Enfin, les réactions embarrassées des régimes occidentaux à soutenir trop ouvertement le despote tunisien, dont ils se disaient proches, puis le refus du gouvernement français de lui accorder, ainsi qu’à sa famille, l’asile ne manquera de faire méditer les dirigeants arabes sur leur sort.
Désormais, il sera de plus en plus difficiles aux gouvernements occidentaux de justifier aux yeux de leurs propres opinions publiques et aux yeux des migrants originaires de ces pays vivant sur leurs territoires leurs soutiens aux dictateurs et aux dirigeants corrompus de la planète.
Voir Lénine, 1870-1924, de Jean-Jacques Marie, éd. Balland, Paris, 2004, pour ce qui est de la référence relative à la révolution d’Octobre 1917 en Russie. L’auteur indique que le déclenchement de la manifestation des ouvrières a eu lieu, le 27 février 1917, d’après le calendrier julien, en vigueur à ce moment-là, en Russie tsariste, et qui correspond au 8 mars 1917, d’après le calendrier grégorien, aujourd’hui, universel ; ce calendrier est en avance de dix jours sur le premier. Il en est de même de la révolution bolchévique de 1917, qui a eu lieu en réalité, en novembre 1917, d’après le calendrier julien. On la situe en octobre, parce que le nouveau pouvoir en Russie, a adopté l’année suivante, le calendrier grégorien.
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