Accueil > Humanité > Monde, actualité internationale, politique, relations, diplomatie, (...) > Deux Dossiers Spéciaux de POPULISCOOP. > U.P.M. Union Pour la méditerranée > Les documents conventions, charte, projets, articles... > Articles de presse sur UPM > MONTEE DE LA TENDANCE INFLATIONNISTE

MONTEE DE LA TENDANCE INFLATIONNISTE

Le coup de blues des classes moyennes

lundi 8 mars 2010, par Lyazid Khaber

De mal en pis, les revenus des ménages relevant de la classe moyenne ne cessent de connaître un fléchissement de par la dégringolade du pouvoir d’achat ressentie à plusieurs niveaux. Cet effritement au demeurant confirmé par les statistiques officielles et les notes de conjonctures, se trouve exacerbée par l’inflation qui ne cesse de prendre de l’ampleur.

Selon les dernières statistiques établies à la fin mois d’août de l’année en cours par l’office national des statistiques (ONS), le taux d’inflation annuel en Algérie se maintien à 5,4%. Ce taux calculé suivant le nouvel indice des prix à la consommation ressort essentiellement de la hausse des prix des produits agricoles frais, selon les explications du même organisme. Lequel précise que cette tendance haussière de l’inflation est due à une hausse des prix estimée à 7,56% des produits du groupe des biens alimentaires et 20,25% pour ce qui est des produits agricoles frais.

Comparativement à l’année dernière (2008), et exceptionnellement pour certains produits manufacturés, à l’instar des huiles et graisses qui ont connu une légère baisse, tous les autres produits alimentaires ont connu une courbe ascendante. Les produits carnés, les œufs, les légumes frais et particulièrement la pomme de terre ont connus des augmentations de prix particulièrement élevées.

La hausse est estimée, à titre illustratif et selon toujours les chiffres de l’ONS, à 29,15% pour les œufs, 24,43% pour les viandes, 24,81% pour le poisson frais, 26,39% pour les légumes frais et 9,38 pour la pomme de terre.

Conjoncture morose et mesures inappropriées

Des chiffres qui déterminent le degré de fragilité du marché national jusque-là sujet au désordre qui le caractérise. Ainsi, la problématique de régularisation du marché des produits alimentaires se pose avec acuité. A ce stade de la régulation, la balle se trouve interjetée entre les services du département du commerce et ceux de l’agriculture, dont la responsabilité est totalement engagée, notamment en ce qui concerne les produits agricoles. Cependant, il serait utile de souligner que la consommation des ménages ne s’arrête pas qu’au niveau de l’alimentation. D’autres besoins sont à satisfaire, et la conjoncture actuelle est loin d’être favorable aux maigres bourses. Les salaires actuels demeurent au niveau le plus bas, mais la solution pour ramener le pouvoir d’achat à un niveau respectable n’est pas pour autant dans l’augmentation annoncée de ces derniers.
Une stratégie global de relance de l’économie interne est à même de remédier à cette situation jugée catastrophique par certains analystes. En effet, certains économistes demeurent sceptiques quant à l’efficacité des différentes mesures prises par les pouvoirs publics pour juguler les effets inévitables de la récession dont les corollaires directs sont la dégradation du pouvoir d’achat du citoyen et la misère sociale qui s’installent durablement.

Le Pr. M. Ouchichi, de la faculté de l’économie de Bejaia, dira dans une déclaration rapportée par El Watan (voir édition du 27 avril 2009) se doute même de la véracité des statistiques de l’ONS qu’il conteste pour diverses raisons. Selon lui, « Ces chiffres sont contestés et contestables pour plusieurs raisons. Dans leur construction d’indicateurs, ils se basent uniquement sur l’économie formelle. Or, il y a plusieurs variables qui leur échappent puisque l’économie informelle tend à prendre des proportions énormes. Le taux d’inflation avancé est largement sous-estimé par rapport au taux d’inflation réel » .

Un avis que partage nombre d’économistes qui évoquent le caractère rentier de notre économie. Une donne qui, bien sûr, aurait inévitablement des répercussions sur la stabilité de l’économie nationale au moment où la crise financière ne manque pas d’influer sur les cours internationaux.

Des choix hasardeux basée sur la dépense publique

Pour le cas de l’Algérie et en dépit des discours rassurants des membres du gouvernement, l’on est bien exposé aux effets de la crise économique mondiale. Ainsi et au moment où les recettes nationales (principalement celles des hydrocarbures) déclinent, la facture des importations gonfle. D’où « l’importation de l’inflation » que certains économistes désignent comme étant un facteur aggravant de la crise.

Certes, on enregistre avec beaucoup d’optimisme les analyses de la banque mondiale et du FMI qui annoncent une croissance plus ou moins positive de l’économie Algérienne en 2009-2010. Selon le rapport portant sur les perspectives économiques mondiales (World Economic Outlook-WEO), le taux de croissance de l’Algérie sera de +2,1% en 2009 pour remonter à +3,9% en 2010. Cependant et de l’avis des spécialistes, la balance commerciale ne détermine pas à elle seule le degré de croissance économique. Le rôle des classes moyennes demeure fondamental dans cette croissance. Cela dans la mesure où la création des richesses accompagne inéluctablement la demande interne dont l’encouragement vise à élever le produit intérieur brut (PIB).

La stratégie des pouvoirs publics voulant réduire le chômage en favorisant la consommation au moyen d’une hausse de la dépense publique, semblent opérer des choix hasardeux dans un environnement économique peu favorable caractérisé par des contraintes internationales souvent en contradiction avec les objectifs de notre économie.
Entre autres contraintes du terrain, la dépréciation du billet vert dont les répercussions sur le pouvoir d’achat des pays exportateurs des hydrocarbures en dollars et importateurs en euro, n’est pas à démontrer. Cela sans compter, bien sûr, la dévaluation de nos réserves de change (en dollar) dont la conséquence direct sur leur pouvoir d’achat à l’international se répercute sur le marché intérieur. La dépense publique (principale ressource) qui subit les contrecoups de l’effondrement des recettes pétrolières est ainsi appelée à s’amenuiser, d’où l’essoufflement de la stratégie des injections de monnaie pour la relance de la demande suivie par le gouvernement.

Dans ce sillage, c’est le pouvoir d’achat des bourses moyennes qui acquiesce le coup dur avec l’envolée des prix des produits alimentaires et des consommations diverses (logement, eau, électricité, équipements ménagers, vêtements…etc.).

L. Khaber

Partager sur les réseaux :
     
Pas de licence spécifique (droits par défaut)