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Un collectif d’artistes de Bordj affronte le fameux « vide culturel »

Une Algérie en quête de la communion paisible et feutrée des arts

mercredi 11 mars 2015, par N.E. Tatem

Depuis les premières semaines de l’année 2015, une manifestation citoyenne est organisée, chaque jeudi (premier jour du week-end) par le noyau des artistes de Bordj-Bou-Arreridj, devant la maison de culture. Exiger une exploitation des équipements culturels de cette ville métamorphosée par son attractivité en industrie manufacturière, mérite d’être appréciée. Une doléance civilisée qui, par sa qualité sortant des émeutes habituelles avec son aspect paisible, quête une programmation culturelle pour les institutions qui ornent l’urbanisme...

D’une part la désastreuse gestion des espaces publics qui ont vocation juridique d’abriter les expressions artistiques, est un néant désarmé de la gestion optimale : le management culturel. Et d’autre part, libérer les citoyens de la torpeur, en leur offrant des prestations culturelles, est ressenti telle une nécessité.

Dans une cité qui recèle beaucoup de volontés, dont son équipe de football créée dans les années 1920, « le vide culturel » est intenable, une perte de communion utile à la paix sociale. Bordj a été décrit, dans un article du prestigieux hebdomadaire international « Jeune-Afrique », parmi les villes dynamiques du Maghreb, notamment en pôle électronique, d’où l’accompagnement culturel est une aspiration pour l’équilibre de la communauté aux exigences pourtant simples, donner place aux expressions.

Nos articles sur cette formidable ville, Bordj-Bou-Arreridj, d’Algérie :
 TEWFIK Farès, l’homme au cœur doué d’universalité - PORTRAIT
 Cirque Amar, une oeuvre aboutie d’un concepteur/entrepreneur de spectacles.
 Carte professionnelle aux artistes et auteurs algériens, un acquis social...

Devenue pivot industriel par excellence gr ce à ses entrepreneurs, Bordj-Bou-Arreridj est aussi un bastion du militantisme du passé, ainsi qu’un fief de résistance aux peines éprouvantes actuelles propres à l’Algérie. C’est aussi un foyer de la création artistique sous toutes formes, qui a eu plusieurs excellences dans nombreux domaines. La production culturelle est devenue besoin, pour donner une qualité élevée à la vie des habitants. Et pour cela nombreux créateurs de littérature, de thé tre, de cinéma, de styles variés en musique, d’art plastique et même de séries TV, ont émergé ces dernières années à BBA.

Cette ville qui a enfanté un certain « Amar », auquel revient la création du cirque dans sa forme spectaculaire contemporaine, a toujours recelé nombreux talents pluridisciplinaires, voire des générations. Tous assez assoiffés d’expression dans les différentes matières des arts, au point pour certains d’être des génies. Ils sont déjà consacrés et s’expriment ailleurs, pour avoir été imposés dans les scènes nationales et d’autres pays, mais sont totalement négligés dans leur bercail.

Devant la légendaire bureaucratie qui a préférence pour l’aridité, afin de ne pas avoir à supporter une mission étatique de l’animation des esprits par la culture, se sont donc mobilisés les artistes « bordjiens », et disons-le : pour les arts. Une préoccupation déphasée de certaines médiocrités déshéritées de projets concrets, qui éclatent en l’Algérie pour le gaz et l’électricité, à faire parvenir aux administrés.

L’exigence d’une programmation est une dénonciation du management public de la chose culturelle. Sous les yeux de sénateurs, maires et députés aussi désengagés qu’incultes, il n’y a que les lieux fermés qui emprisonnent...

Depuis 2010, on a plombé les portes des institutions culturelles dans la ville d’El-Mokrani

Cette tentative de briser le grand silence qui tend, depuis 2010, à éloigner les talents locaux des espaces dédiés aux représentations de plaisance addictive à l’esprit, est comparée à une révolte citoyenne revendiquant des œuvres artistiques, dont l’origine est un public inséré et sécularisé à la joie culturelle...

Elle s’inscrit parmi les remises en cause du climat de censure ou d’écartement des expressions que connait le pays. Elle n’est pas sociale ou bien motivée par des logements ou bien le prix du pain. Elle s’adresse à bien plus haut que le ventre. À propos du chômage, Bordj-Bou-Arreridj tient ses records de recrutements, le cas du niveau intellectuelle de cette protestation démontre l’effort de Bordj pour entamer sa sortie du sous-développement.

L’aspiration de garder vivace le rayonnement enrichissant qui s’est répandu, à partir de Bordj, tant en Algérie que sur des rivages mondiaux, voit naître cet engagement pour chasser l’inertie infligée aux arts. Avec la dextérité et l’ouvrage collectif incessant des exégètes de cette ville-carrefour, située telle une jonction géographique entre l’est et l’ouest ainsi que du nord avec le sud, les pratiquants de plusieurs arts aspirent à briser l’indifférence et la léthargie prolongée.

Ceux versés à l’innovation culturelle, qu’est le collectif des artistes de BBA, ont pris à bras le corps, dès le début de l’année 2015, d’exiger l’exploitation des infrastructures existantes. L’un de ces édifices, la maison de la culture Aicha Haddad, s’avère vidé et cadenassé pour faire obérer le fameux vide, que comble, hélas !, la dépravation et autres déviations ennuyeuses, dérivant en bestialités dont la pays en général tarde à se délivrer.

Au nom de la musique et du thé tre, des Algériens lèvent la voix !

Les édifices publics qui devaient générer de l’esthétique artistique, sont à la merci d’un déficit insensé de la programmation. La population dont l’avidité à l’action, pour amender l’essor économique de la région, est à l’origine de cette démarche des artistes, unique pour la séduction paisible de sa doléance.

Eux-mêmes, les artistes de cette localité du pays profond, sont acculés par les demandes de leurs concitoyens qui exigent d’égayer leurs soirées et leur temps libre. Ils continuent leur démarche paisible, en se regroupant chaque jeudi devant des portes fermées et des lieux assiégés de ténèbres et de mutité…

Bastion qui parcourt toute l’histoire et les épreuves du pays, tant par la participation de ses habitants aux mouvements nationaux, Bordj-Bou-Arreridj a défendu tous les espaces qui abritent la communion des habitants laborieux. Des Algériens certainement attachés aux comportements lumineux que peuvent générer les arts et la culture, qu’à d’autres obscures barbaries allergiques à la poésie...

Personnalités de Bordj-Bou-Arreridj

 Ahmed Ben Amar el Gaid (1860), fondateur du Cirque Amar
 Mohamed Bachir El Ibrahimi (1889-1965), théologien, réformateur religieux
 Aïssa Zehar (1899-1963), écrivain
 Alice Fitoussi (1916-1998), chanteuse de style arabo-andalou et Madih (panégyrique) du prophète Mohamed.
 Abdelhamid Benhedouga (1925-1996), écrivain
 Smail Hamdani (1930) homme politique algérien, ancien Premier Ministre
 Aicha Haddad (1937), artiste-peintre, elle fut infirmière au temps de la Révolution.
 Djelloul Beghoura (1945), producteur-réalisateur d’émissions et de magazines en France. Depuis 2005 producteur de l’émission Islam sur France 2. Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres
 Nacéra Benseddik (1949), historienne, archéologue, épigraphiste
 Salah Attia (1958), diplomate, Consul Général à Djeddah (Arabie saoudite)
 Nacer-Eddine Chelali (1958), premier directeur du centre universitaire (2000-2005)
 Farida Belekessam (1969), journaliste, écrivain, reporteur, rédacteur en chef, animatrice de plateaux de télévision
 Ramzi Bourougba (1984), footballeur

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