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Algérie : le boss, le juge et le caricaturiste

La Voix de l’Oranie dans l’oreille de chiens de garde

jeudi 14 novembre 2013, par N.E. Tatem

Deux affaires en une, et elles ont trait à la liberté d’expression. D’abord un litige de relations de travail entre patron et salarié auprès d’un quotidien d’informations. Elle a pour conséquence le second conflit, plus grave que l’originelle cause, étant que l’homicide n’a pas été commis. Le caricaturiste, G. Djamel, du journal régional la Voix de l’Oranie, vient d’être inculpé et placé sous contrôle judiciaire suite à une plainte de la direction du journal employeur.

Voilà la vérité, encore une fois pour placer les décors d’une histoire qui reflète le fonctionnement délétère des institutions dont la justice. Mais surtout elle renvoie au comportement des êtres n’ayant rien à respecter des éthiques humaines primaires. La situation semble reproduire une querelle récente qui, elle, n’a rien de captivant du fait de sa fourberie.

Celle d’Abdelghani Aloui est catégoriquement unemisérable péripétie d’un islamiste qui n’a jamais brocardé le président Bouteflika. Mais simplement d’un prédicateur au service du « djihad » islamiste. La dernière est encore plus profondément ambigüe.

Une caricature évoquant l’état de santé de Bouteflika qui n’a jamais été publiée par le journal ni sur les réseaux sociaux, contrairement aux propos du jeune militant du terrorisme A. Aloui, constitue cette fois l’invraisemblable argument d’inculpation et placement sous contrôle judiciaire de son auteur.

Plus incroyable aussi, le délit est en réalité non-indiqué par la moindre loi. Ce qui constitue bien le grave précédent dans les annales des atteintes à la liberté de la presse en Algérie. La désignation de tout forfait est un précis, pourtant que les juges ne manquent de respecter. Alors qu’en est-il ?

La plainte du quotidien d’informations où exerce Djamel G. comporte : « … abus de confiance, tentative de nuire à l’entreprise et atteinte à la personne du Président… » La partie civile est ici fidèle au prince au nom duquel la justice est rendue, d’où le despotisme le plus primitif.

<img1186|right> Le dessinateur devait être cité devant un conseil de discipline interne à l’entreprise de « La Voix de l’Oranie ». Il n’avait pas perçu depuis 7 LONGUES ANNEES ses rémunérations, pour lesquelles il a averti l’inspection de travail. Mais le-voilà devant un tribunal civil.

Finalement, c’est à la justice de démontrer sa propre droiture et probité ! Alors que les motifs invoqués pour l’inculpation relèveraient de la chère et symbolique condition : d’un travailleur face au Boss.

Symbolique à plus d’un titres, quand la presse, et plus amplement la satire soucieuse de l’expression critique et récréative, se retrouvent les deux devant des magistrats. Ces derniers au rôle d’institutions primordiales à l’usuel fonctionnement de la société et responsables de sa cohésion, réagissent comme croyait bien faire le directeur de l’OREF au sujet des « débats d’El-Watan » , celui qui a cru ne pas nuire par surprise au contexte que vit l’Algérie et à ses maîtres. Bouteflika et sa conjoncture actuelle !

Les juges oranais induisent, cette fois aussi, une appréciation éhontée et sans caractère. Tant pour l’acte qui a exposé ce justiciable. Que de sa faute présumée qui est, jusqu’à preuve du contraire, professionnelle. Le jour où ils seront dénoncés par les seigneurs qu’ils pensent protéger, le pays ou quelque chose d’autre de plus important qui puisse si bien les inciter à semer l’injustice, ces procureurs, réagiront-ils comme ils le doivent…

Iront-ils, ces arbitres qui officient au nom de la république, jusqu’à dénouer la crise que vit le justiciable G. Djamel à propos de son contrat de travail ? Et par quelle recette d’équité, la bureaucratie algérienne sera-t-elle finalement condamnée, au sein même de la corporation des fonctionnaires des tribunaux ?

Expliquant sa situation à la presse algérienne, voilà ce que dit Djamel G. :

« Le conflit remonte à plus d’un mois au moment où j’ai saisi l’inspection du Travail pour mes salaires impayés. Je n’ai jamais tenté de faire passer cette caricature que je n’avais pas encore finie et qui n’était pas destinée au journal. C’est le responsable par intérim qui a trouvé sur mon micro, via le réseau intranet, la caricature et m’a demandé des explications que je lui ai fournies. Elle n’est jamais parue, et je me retrouve convoqué et inculpé par un juge comme par hasard au moment où je devais passer en conseil de discipline pour avoir revendiqué mes salaires impayés ».

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