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Boualem Sansal, consécration à l’étranger et exclusion en Algérie !

En subversion, l’homme de lettres distance les convergences de la décadence

dimanche 16 juin 2013, par N.E. Tatem

Boualem Sansal, l’écrivain algérien qui n’a pas sa langue dans sa poche, est parmi nombreux à être privés de leur gagne-pain : leur travail, à cause de leurs opinions. L’héritage subversif de Kateb Yacine n’a presque pas d’héritier, tant les monuments se veulent divains. Alors que l’épigone esthétique du grand maître, de Nedjma, était passé par Tahar Djaout le-voilà encore et aussi, après le décès de l’auteur des « vigiles », repris par cet érudit universitaire qui émerge en dehors des dogmes du nationalisme qui s’est voué à toutes les difformités.

L’Académie française vient de remettre, jeudi 13 juin, le Grand Prix de la Francophonie à ce romancier et essayiste à l’œuvre sulfureuse.

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L’intellectuel qui lutte pour la liberté de parole et de religion dans son pays, a visité Jérusalem et séjourna 5 jours en Israël. C’est gr ce un communiqué du Hamas, le second preneur d’otages après l’Etat hébreu de la population de Gaza, que la nouvelle a été connue.

Ce prix est destiné à couronner « l’œuvre d’une personne physique francophone qui, dans son pays ou à l’échelle internationale, aura contribué de façon éminente au maintien et à l’illustration de la langue française ».

D’emblée, il faut dire que Boualem Sansal n’a pas quitté son pays où il est aussi actuellement parmi des rares, après avoir limogé de son poste, à être censuré. Ses romans ne sont assez lus en Algérie, pour une large part à cause de l’ostracisme dont il est victime, alors qu’ils connaissent un appréciable succès notamment en Allemagne et en France.

Mais aussi la décrépitude culturelle surabondante, à tous les niveaux et catégories de ses concitoyens, fait que les lecteurs de littérature sont devenus moindres, proportionnellement aux décennies passées et à la prétendue scolarisation…

A propos du système scolaire algérien, nombreux lycéens, après avoir traversé le cycle du collège en trichant et exigeant une mosquée dans l’établissement, se retrouvent analphabètes avec une moyenne effondrée à moins 5/20 en année de seconde ! Les exemples ne manquent pas, pour la grande décadence des pans du savoir auxquels se sont succédé des superstitions aux slogans pompeux et déroutants.

En matière de thé tre, autre exemple où l’exclusion a conjugué le fameux article 120 du statut de l’ex-parti unique au temps de l’offense à l’intelligence, l’Algérie n’a désormais que des auteurs plagiaires et des détrousseurs de textes que des anonymes, souvent privés et écartés des scènes, tentent de les composer. Dans l’indigence de la création de ce genre littéraire, depuis déjà 20 ans aucun auteur n’a pu s’inscrire dans la relève de Kateb Yacine ou d’Abdelkader Alloula, pour accomplir le texte déclinant l’identité algérienne efficace, inspirée et éprise de progrès.

Dans une critique cinématographique parue dernièrement au moment du festival de Cannes 2013, en s’en prenant au film d’Abdellatif Kechiche, «  La Vie d’Adèle » comme œuvre contraire aux mœurs, le film de Med-Lakhdar Hamina, ayant obtenu la palme d’or, est cité, d’ailleurs par bien nombreux journalistes du Maghreb.

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Soi-disant, dit cet écrivaillon d’une presse quasiment, après un quart de siècle de liberté, dévoyée à l’ultralibéralisme, la consécration de « Chroniques des années de Braises » a été fêtée par Boumediene qui invita Che Guevara. Or le guérilléros est décédé pendant les années 60 et le film est des 70. Vraiment lire ça dans la presse, donne à vomir la médiocrité, voire la manipulation des esprits ignorants !

C’est gr ce à Boualem que les algériens sauront que Khalida Toumi, l’actuelle ministre de la culture a fait le même voyage, que lui en Israël (voir notre 1er document joint à ce sujet), au temps où elle était fervente opposante au régime, sans réveiller, ni aujourd’hui et ni avant, les reproches qui rougeoient à son encontre.

Cet homme de lettres dont aucune reconnaissance ne lui est accordée par son propre pays, accumule des consécrations et des participations à des activités distinctives sous d’autres cieux. Sans nul doute, ceux ayant saisi sa talentueuse plume, par laquelle la mesure artistique atteint sans doigté la dénonciation du népotisme.

Et à une époque où rarement on parvient en Algérie, comme lui, à expliquer les dérives d’une société décadente vers l’intolérance. Et dont l’entrainement à ce destin criard revient au pilotage d’une autocratie à l’idéologie se définissant par l’agressif clergé concédé par des dirigeants, à plus d’un titre, corrompus !

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