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Ali Tounsi, même son tueur ne peut pas apaiser toutes les curiosités.

Qui est la victime et quel complot dans les méthodes du régime opaque qui dure depuis des décennies ?

mardi 2 mars 2010, par Hugo Mastréo

L’affaire « Tounsi » a fait des algériens des esprits encore plus égarés dans les méandres sombres d’un pouvoir emprisonné dans la tour de ses certitudes. Et elle leur montre cette fois aussi que le régime opaque des années de plomb n’a pas encore rendu l’àme. Et il tient avec une main de velours populiste gràce à la faramineuse rente, car il craint désormais les séditions, leur destin sous l’interminable tutorat de la légitimité historique.

Quand les dossiers de corruption sont sur les bureaux de quelques intègres cadres de l’Etat, surgit donc le meurtre du DGSN (Directeur Général de la Sureté Nationale). Cet assassinat porte des signes du passage du pays à une autre situation plus trouble que celle, du terrorisme islamiste, non encore éradiquée. Il va expliquer qu’un fléau sociologique nouveau, la truanderie bureaucratique, gagne de l’ampleur. Peut-être prévisible pour certains observateurs, mais elle se signale plus grave de ce qu’a connu le pays de faits morbides, ciblant les personnes les plus honnêtes et intelligentes.

Cette donne, inédite en matière d’insécurité, affirme que la force grandissante de la mafia, qu’on qualifie dans le pays par « politico-financière », est désormais à la place et lieu du terrorisme islamiste. Ce dernier a causé 200 000 victimes dont plus de 6000 intellectuels de haut rang ainsi que 200 journalistes parmi les empêcheurs de tourner-en-rond, semble prendre du recul mais reste menaçant du fait du désespoir qui accable la jeunesse.

La montée en puissance de cette mafia a déjà mis au devant l’affaire du Golden-boy RAK (Rafik Abdelmoumène Khalifa). Cet escroc, rejeton d’un père ancien ministre (ce qui est politique et en lien avec le FLN dirigiste) et pleinement en rapport avec les milieux monétaires, du fait d’avoir lancé une banque (la finance), était pris pour modèle de réussite. Et a servi même comme un argument idéologique du libéralisme inégalitaire qui a été déclenché depuis 1980.

Sans biographie, le commis de l’Etat n’a pas laissé de traces.

L’homme, abattu dans son bureau, est parti sans donner sa biographie. Sur les pages de la presse écrite algérienne, pourtant qui se targue des fois d’être celle qui a arraché sa liberté, rares sont les journaux qui ont pu donner clairement le parcours d’Ali Tounsi. A part qu’il a servi dans la redoutable SM (Sécurité Militaire) devenue la DRS (Direction du Renseignement et de la Sécurité), aucun article n’a rapporté, pour apaiser la curiosité des citoyens, clairement qui est Ali Tounsi.

Aussi bien ses activités dans l’ALN (Armée de Libération Nationale) que son rôle dans les opérations de postindépendance où la chasse à l’opposition au parti unique, qui a spolié les algériens de leur FLN historique, sont encore occultes. La principale t che de répression et de torture de la SM envers d’autres algériens contiennent et limitent en réalité la mise sous la lumière de ce personnage. En effet quelles ont été ses missions… Les (ou la) causes de son départ des rangs de l’ANP (Armée Nationale Populaire), qui est un limogeage suite à une affaire traitée au niveau du tribunal militaire en 1983 et non son recrutement et son passage dans les rangs de l’armée colonialiste, demeurent indéchiffrables.

Sur le Web comme réseau parallèle, où certaines langues se délient plus facilement, bien une semaine après l’assassinat, le directeur de la police algérienne est resté un inconnu. Malgré d’énormes quêtes et de bien lourds commentaires, rien n’a filtré à propos de cet homme. Notamment son passé en général, il a été peu repris. Certains pensent qu’il est resté fidèle au plus secret que lui, le général majors Médiene, dit Toufik qui dirige la DRS, avec insinuation pour cette option qu’il n’est pas totalement dans les sphères du président Bouteflika. Et laisse-t-on croire aussi que le Raïs n’est pas arrivé à sa fin de mettre l’armée sous son burnous.

Celui qui lui a tiré dessus, un certain le colonel à la retraite Choaïb Oultache, végète depuis déjà quelques jours dans un état comateux, et ne parlera peut-être jamais.

L’investigation via les réseaux du Web et de la presse écrite dite indépendante car la publique vit sous le mutisme complet, se sont limitées à observer les courts funérailles du défunt. L’air d’un complot a été beaucoup distingué, quand la télévision nationale a consacré quelques courtes minutes. Et ce malgré la présence du Gotha des dirigeants lors de son enterrement. Moment où le président n’a pas montré le nez, ce qui est aussi peu anodin.

Toutes les questions concernant Ali Tounsi ont resurgies mais n’ont pas eu de réponses. Son lieu de naissance, ses services dans l’ALN et dans les rangs de l’armé française, sa formation ainsi que sa dernière responsabilité à la tête de la police algérienne, ont été toutes reprises et sondées. En vain, ses palmarès entretiennent plus l’intrigue d’un homme secret, en préservant toute entière l’opacité, que la soumettent à la transparence.

L’enterrement en presence de nombreuses personnalités du régime et avec la présence du frère du président

Les affaires du passé sont alors vite oubliées, le silence est ménagé. Et on recherche de nouvelles qui soient fraîches et plus mordantes, à la limite de la rumeur qui sonde la vérité. Son assassinat arrive comme un nouvel épisode dans le sillage des mœurs auxquelles s’est habitué le système qui a guidé le mouvement de libération du pays, puis a gouverné après l’indépendance. Combien de cas porte ce genre de crimes ont été dans l’œuvre du FLN parti unique et des agents de la SM ?

Avant, l’exclusion des plus intransigeants des cadres, permettait beaucoup moins une telle nébulosité. Mais sans démocratie, aucune personne n’osait sortir des pratiques imposées. De triste mémoire l’article 120 du règlement du parti unique n’autorisait pas aux enfants du peuple d’avoir des responsabilités sans être militants du parti. Souvent la torture aussi, de laquelle les poètes sont les premiers à en baver, pouvait entretenir cette situation de silence. Aussi les sentences expéditives qui n’ont pas épargné même les héros de la guerre de libération, précédaient les langues qui se délient.

Mais cette fois le tolérable est dépassé. Les algériens se demandent nombreux choses très basiques : le moment de cet assassinat coïncide avec les dossiers de corruption qui sont rendus publics, le tueur est dit-on impliqué dans une affaire de cet espèce de détournement de denier étatiques… L’affaire Tounsi rogne toutes les confiances des algériens en leurs institutions.

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